L’Union européenne veut son propre réseau Internet par satellite

Les télécommunications par satellite offrent une couverture Internet totale et sans discontinuité, en complétant des réseaux terrestres, connectant océans, ciel, zones reculées et îles non desservies par le réseau cellulaire ou le haut débit. Les communications satellitaires permettent aussi la connexion à Internet dans des zones où les réseaux terrestres peuvent avoir été détruits (par des inondations ou d’incendies de forêt), ou dans lesquelles les réseaux locaux ne sont pas fiables (dans des situations de crise, pour des services diplomatiques dans des pays tiers, ou pour des opérations gouvernementales sensibles). Pour toutes ces raisons, l’Union européenne (UE) envisage d'investir six milliards d'euros dans un système satellitaire capable de fournir des communications Internet à large bande. L’objectif est de contribuer à la sécurité des communications diplomatiques et de renseignement de l'Europe, sans besoin de passer par des acteurs externes, mais au contraire en favorisant l'écosystème technologique local.

Perfectionner la qualité du réseau Internet et faire de l’Europe un continent plus connecté

Dans une déclaration du mardi 15 février, le commissaire au Marché intérieur Thierry Breton a présenté un plan européen ambitieux pour la mise en place d'une technologie spatiale pour la gestion du trafic Internet, qui viserait à « faciliter notre vie quotidienne, en contribuant à un avenir plus numérique, vert et résilient pour notre planète. Ce système de communication permettra d'améliorer les connexions sur le continent européen », a déclaré le commissaire, ajoutant que seulement 56 % des ménages en Europe ont accès au haut débit.

Préserver la sécurité des communications et stimuler l'économie européenne

Alors que le programme spatial de l'UE fournit déjà des données et des services précieux pour un large éventail d'applications quotidiennes allant du transport, de l'agriculture et de la réponse aux crises à la lutte contre le changement climatique, cela passe aussi par des technologies externes, comme celle de Starlink. Le nouveau plan se penche donc sur la question de la politique de défense du bloc, visant à renforcer l'autonomie stratégique en offrant une alternative à Starlink, le réseau Internet commercial développé par SpaceX d'Elon Musk, ainsi qu'à la constellation OneWeb du Royaume-Uni. Ce réseau devra également offrir une réponse à une série de cyberattaques contre les ministères des Affaires étrangères et les services diplomatiques au cours des dernières années, dont beaucoup étaient liées à des pirates informatiques russes. Il aidera l'UE à mieux protéger ses données diplomatiques et confidentielles en utilisant le "cryptage quantique" de nouvelle génération, conçu pour protéger les informations contre ordinateurs de décryptage avancés. Enfin, ce programme stimulera l’innovation, en particulier pour les petites et moyennes entreprises et les jeunes pousses (start-up) qui diffusent de nouvelles technologies et applications spatiales pour un Internet fiable et de haute qualité pour tous. En plus de l'Europe, la couverture devrait être centrée sur l'Afrique et l'Arctique — par intérêt stratégique.

Quand l’UE développera-t-elle son réseau satellitaire ?

Le développement pourrait commencer l'année prochaine, selon les déclarations de Thierry Breton, avec le premier service et les tests de cryptographie quantique d'ici à 2025. L'ensemble de la constellation pourrait être prêt à être utilisé d'ici à 2028. S'il est approuvé, ce programme satellite viendra compléter les programmes spatiaux déjà existants : Galileo, le réseau de géonavigation le plus précis au monde, et Copernicus, une constellation d'observation de la Terre de premier plan utilisée par les services de cartographie et pour la surveillance du changement climatique.