Quand le drone civil se transforme en menace venue des airs

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Par Guillaume DECAMME et Katell PRIGENT - Paris (AFP)
Publié le 11 août 2018 - 12:44
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Un drone utilisé par des techniciens au dessus du futur site d'une ferme pilote d'éoliennes, au large de Port-la-Nouvelle, le 19 avril 2018
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l'utilisation de drones de loisirs pour des attentats contre des personnalités ou survoler des sites sensibles renforce la crainte de voir ces engins se transformer en "armes du pa
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Ils sont peu onéreux et facilement modifiables: l'utilisation de drones de loisirs pour des attentats contre des personnalités ou survoler des sites sensibles renforce la crainte de voir ces engins se transformer en "armes du pauvre", une menace à laquelle les forces de l'ordre en France assurent se préparer.

Lundi, un drone a été repéré en vol, et en totale infraction, à proximité du fort de Brégançon (sud-est de la France) où le président français Emmanuel Macron et son épouse sont en vacances. Il est tombé à l'eau après avoir été neutralisé par brouillage des ondes et n'a fait aucun blessé.

En revanche, deux jours plus tôt, une tentative d'"attentat" à l'aide de drones contre le président vénézuélien Nicolas Maduro lors d'une parade militaire a blessé sept soldats, selon les autorités. L'"attaque", revendiquée par un mystérieux "Mouvement national des soldats en chemise", a été commise à l'aide de deux drones chargés chacun d'un kilo de C4, un puissant explosif militaire, selon Caracas.

Ces deux épisodes allongent la liste des incidents au cours desquels des drones civils ont été utilisés de façon malveillante, note Todd Humphreys, professeur à l'université du Texas et spécialiste des questions de sécurité.

En 2013, un drone s'était posé près de la chancelière allemande Angela Merkel lors d'un meeting et en 2015 le périmètre de la Maison Blanche avait été bouclé après qu'un drone eut été repéré volant à proximité.

"Il y a là une nouvelle tendance. Dorénavant, les chefs d'Etat vont devoir être très prudents lorsqu'ils prononcent des discours à l'extérieur ou lors de meetings", estime auprès de l'AFP M. Humphreys.

Des drones civils ont également été utilisés par le groupe Etat islamique (EI) en Irak, notamment lors de la bataille pour la reprise de Mossoul. Les artificiers du mouvement islamiste utilisaient les engins volants pour filmer l'armée irakienne ou larguer des explosifs sur les soldats.

En janvier, la Russie avait affirmé que dix "drones chargés d'explosifs" avaient attaqué sa base aérienne à Hmeimim, dans le nord-ouest syrien, et trois autres sa flotte à Tartous (ouest de la Syrie), sans faire de victimes ni de dégâts. Selon Moscou, ces drones avaient été lancés depuis Idleb, région rebelle qui échappe au contrôle de Damas.

"Les drones sont devenus l'arme du pauvre", juge Todd Humphreys. "Et je pense qu'ils vont devenir l'arme favorite de tous ceux qui se sentent inférieurs dans d'autres domaines militaires".

- Brouillage des ondes et aigles -

En France, la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP) dit prendre très au sérieux la menace des drones qui peuvent permettre de "livrer des colis" ou de "faire du repérage". Une technique "sans doute" utilisée pour préparer l'évasion du braqueur Redoine Faïd d'une prison de la région parisienne en juillet, selon la ministre de la Justice Nicole Belloubet.

De leur côté, les forces de l'ordre françaises assurent disposer d'"une stratégie de veille, d'enquête et d'évaluation du matériel", indique à l'AFP le colonel Jean-François Morel, chargé de mission auprès de la gendarmerie, selon lequel 400.000 drones de loisirs ont été vendus l'an dernier.

En amont, les vols de drones civils sont "très encadrés" (enregistrement du drone, formation du pilote, zones interdites...), explique Anne-Marie Haute, déléguée générale de la Fédération professionnelle du drone civil.

En aval, la gendarmerie "fait des choix pour protéger des sites sensibles, des opérations sensibles ou des grands événements", relève le colonel Morel. "On a un certain nombre d'outils, des techniques de brouille, de détection".

Et d'évoquer l'évacuation d'un site à Notre-Dame-des-Landes (ouest) au printemps. Des occupants illégaux utilisaient un drone pour espionner les gendarmes, "et on a brouillé sa transmission. Son propriétaire n'avait plus le contact. On a maintenu le drone en l'air, sa batterie s'est vidée et il est tombé", raconte le haut gradé.

Mais, à en croire Todd Humphreys, le brouillage n'a qu'une efficacité limitée. Les personnes mal intentionnées "peuvent modifier le drone pour faire en sorte qu'il ignore les commandes du pilote et les signaux GPS dans la dernière phase d'une attaque", explique-t-il.

Disposer des tireurs d'élite autour d'une personnalité peut tout aussi bien s'avérer inefficace. "Il est très difficile de toucher un drone qui vole à 100 km/h. Et quand bien même un drone serait touché, que faire si cinq ou dix drones sont lancés à toute allure en même temps ?", s'interroge-t-il.

Plus surprenant, l'armée de l'Air française a mis en place un programme de dressage d'aigles, censés intercepter les drones. Cette expérience s'est inspirée d'un programme similaire de la police néerlandaise... qui a toutefois "licencié" ses oiseaux de proie en décembre, les jugeant trop désobéissants.

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