Le plan eau tombe à l’eau
SECHERESSE – Annoncées à de multiples reprises depuis des mois par Emmanuel Macron, les températures caniculaires n’accablent pas encore tous les Français. Les outils pour inciter l’ensemble des citoyens à gérer l’eau avec sobriété sont toutefois déjà prêts. Mais tant que la canicule ne frappe pas plus fort, il est difficile d’expliquer aux citoyens qu’il faut rationner l’eau, quitte à mettre en place une tarification progressive. Le Plan eau prévoit pourtant d’inciter les collectivités territoriales à le faire.
Souvenez-vous. Le 30 mars 2023, à Savines-le-Lac, Emmanuel Macron présentait le “Plan eau” afin de “préparer l’été qui s'annonce difficile et éviter au maximum les coupures d'eau potable”.
Vigie eau, l’Ecowatt de l’eau
“Nous allons mettre en place d'ici à début mai un instrument un 'Ecowatt de l'eau' qui va permettre de responsabiliser chacun (…) c'est exactement la même chose que ce qu'on a fait sur l'énergie”, expliquait le Président de la République à un pareterre de journalistes.
Ecowatt est un dispositif d'alerte sur la consommation d’électricité qui indique les périodes où les Français sont appelés à réduire ou décaler leur consommation pour éviter les coupures. Il aurait contribué à réaliser une économie de 10% sur la consommation annuelle d'électricité l’hiver dernier.
Il aura fallu attendre le 11 juillet pour que le même mécanisme se mette en place pour l’eau. Annoncée par le ministre de l’Environnement Christophe Béchu, la nouvelle plateforme numérique “Vigie eau” est censée permettre à chacun de retrouver les restrictions en cours dans sa commune.
À ce jour, aucune coupure d’eau n’est à constater sur le territoire métropolitain, ce qui n'empêche pas certains parlementaires d'être particulièrement zélés quant à la gestion de l'eau des particuliers.
Vers la tarification progressive avec l’installation de compteurs individuels et la télérelève
En dévoilant son Plan eau, Emmanuel Macron a aussi annoncé l’arrivée de la tarification progressive de l’eau. “Les premiers mètres cubes sont facturés à un prix modeste, proche du prix coûtant” et “ensuite au-delà d'un certain niveau, le prix du mètre cube sera plus élevé”, a-t-il expliqué.
Lors de son audition du 28 juin dans le cadre de La mission d'information sur la gestion durable de l'eau, le ministre Béchu fait pourtant volte-face. Du moins en apparence.
La sénatrice Florence Blatrix-Contat (PS) a en effet souligné que “pour viser la sobriété, il est nécessaire de bien connaître sa consommation”. Pourtant, “l’installation de compteurs individuels dans les copropriétés demeure difficile”, a renchéri Sylvie Robert (PS) et déploré : “Les compteurs dans les territoires ruraux ne sont parfois relevés qu'une fois par an”.
Le ministre s’est dit favorable à la télérelève, qu’il a lui-même développé lorsqu’il était président d'intercommunalité. Elle permet de relever automatiquement et à distance un compteur sans devoir accéder au cadran d’affichage.
Concernant la question des compteurs individuels, “le Comité national de l’eau a estimé que cela relevait de la libre administration des collectivités territoriales”, a expliqué le ministre, “mais je suis très heureux que certaines collectivités aillent plus loin. Si une collectivité décide de facturer plus cher le 121e mètre cube d'eau, sachant que la consommation moyenne par foyer est de 120 mètres cubes d'eau, alors les copropriétés ont tout intérêt à avoir autant de compteurs qu'il y a d'appartements”.
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