Crise du transport maritime : risque de pénurie de jouets ou opportunité pour le "made in France" ?
Certains se sont déjà rendu compte que les livraisons du Père Noël devront s’adapter cette année aux contraintes liées à la crise du transport maritime déclenchée par la pandémie. Alors que certains magasins de jouets assurent ne pas souffrir de pénurie, car ils se sont organisés en avance pour faire face aux possibles répercussions de la crise du transport, d’autres vendeurs de jouets s’inquiètent de leur dépendance à l'égard de la Chine, et repensent l’organisation de la production, en faisant le pari du made in France.
Une demande mondiale de jouets plus forte que l'année dernière
Selon Frédérique Tutt, experte du marché du jouet chez NPD Group, outre la crise du transport, les magasins de jouets doivent faire face à une demande mondiale en hausse, de 13 % par rapport à 2020 et même de 27 % si on se réfère à 2019. Cela provoquera concrètement des ruptures plus importantes que d’habitude sur les jouets phares. Les produits volumineux, comme les grosses peluches, seront les plus touchés par les problèmes de transport, et certains d’entre eux resteront bloqués en Asie, car le prix pourrait encore augmenter de 12 % pour ce type d’articles, ce qui serait trop cher pour une livraison depuis la Chine.
Des grandes marques pensent à la relocalisation
Alors que 80 % des exportations mondiales de jouets sont fabriqués en Chine, certaines marques s’en sortent mieux grâce à des usines réparties dans d’autres points stratégiques. Lego, par exemple, le plus grand fabricant de jouets au monde, a déclaré que la répartition géographique de sa fabrication a aidé l’entreprise à éviter les perturbations. Cela explique son bénéfice record au premier semestre cette année. L'entreprise fait notamment face à une forte demande grâce à ses installations de fabrication en Europe et au Mexique. Cette semaine, le groupe danois a annoncé un investissement d'un milliard de dollars au Vietnam pour fournir une production locale aux marchés asiatiques voisins. The Financial Times évoque également l’exemple d’Alain Joly, fondateur de Doudou et compagnie, le premier vendeur français d'ours en peluche, qui a déclaré que les problèmes causés par la pandémie avaient donné une "raison financière" pour augmenter la production locale. En 2019, l'entreprise a acquis Maïlou Tradition, qui fabrique des peluches de haute qualité en Bretagne, marquant ainsi un premier pas pour en finir avec la dépendance envers le pays asiatique. Avec ce changement, Doudou et compagnie espère parvenir d'ici à la mi-2023 à passer à un minimum de 20 à 25 % de made in France. Cette décision stratégique va affecter les prix, qui monteront de 40 %. Cependant, la marque de peluches est convaincue que la demande de peluches “faites maison” sera élevée.
Quel coût pour les fabricants qui décident de s'émanciper de la Chine ?
Alors que la tendance du jouet made in France se développe, passant de 8 % du marché français en 2014 à 15 % aujourd'hui, le coût d’une telle fabrication pourrait rester trop élevé. Selon Alain Ingberg, président de l'Association française des créateurs et fabricants de jouets, cela n'empêchera pas qu’une partie plus importante de la production sera fabriquée localement : « Je ne dis pas que tout reviendra, mais nous arriverons à 20 % [en cinq ans] », a-t-il déclaré. Pour Frédérique Tutt, il faut aussi prendre en compte le fait que la fabrication en Chine n'est pas aussi bon marché qu'avant. La hausse des coûts de transport, de l'énergie et des matières premières signifie que les prix vont encore grimper. Dans le secteur textile, des groupes comme Chamatex, se sont déjà tournés vers les robots pour abaisser les coûts de production et assurer le made in France à 100 %.
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