La FNSEA plaide à l'Elysée la cause d'agriculteurs "en colère" et "désespérés"
A l'issue d'un entretien d'une heure avec François Hollande à l'Elysée, en présence du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, le président du syndicat agricole majoritaire, Xavier Beulin, a assuré que le président avait "pris l'engagement de s'exprimer d'ici le Salon de l'agriculture", prévu du 27 février au 6 mars. "Il a entendu nos demandes ce matin", a-t-il ajouté. Mais, "ne me demandez pas aujourd'hui de dire à des gens qui perdent chaque semaine 6.000 euros de rentrer chez eux, ce n'est pas possible aujourd'hui", a-t-il déclaré à la presse.
Les agriculteurs en difficulté manifestent depuis plusieurs semaines, pour protester contre la chute des prix de leurs productions, dans le sillage de leur forte mobilisation de l'an dernier. Leur mouvement ne s'est pas apaisé malgré la rallonge de 125 millions d'euros aux 700 millions du plan d'aide aux éleveurs.
Mardi, plusieurs opérations escargot et des blocages étaient ainsi menés dans plusieurs régions alors que la crise de l'élevage s'étend maintenant aux céréales et aux fruits et légumes.
A Saint-Lô, agriculteurs en colère et forces de l'ordre ont échangé pendant plus de deux heures projectiles contre gaz lacrymogènes. Environ 250 agriculteurs venus à bord de 60 à 80 tracteurs et leurs bennes pleines de détritus, participaient à cette manifestation, selon la police.
A Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) ce sont un millier d'agriculteurs et près de 500 tracteurs qui manifestaient, selon la préfecture.
Après des manifestations à Chartres et autour d'Arles dans la matinée, en début d'après-midi, à Salon-de-Provence des agriculteurs ont aspergé la devanture d'un supermarché Géant Casino, avec les résidus de produits agricoles qui n’étaient pas originaires de la région, broyés par une épareuse-débroussailleuse.
A Pau, la FDSEA a organisé une "opération réveil": entre 80 et 100 agriculteurs munis d'une dizaine de tracteurs ont fait brûler des pneus et du foin devant la préfecture puis ils ont continué leur action devant un centre Leclerc de la ville avant d'obtenir à 11h une entrevue avec le préfet.
En Moselle, des agriculteurs ont mené des actions à Thionville, Sarrebourg, Sarreguemines et Metz, distribuant des avis mortuaires annonçant la mort de l'Agriculture mais sans bloquer la circulation.
"C'est le début d'une longue semaine ou d'un long mois d'actions. On va encore se faire entendre avec différents moyens", a annoncé Jérémy Risse, président du comité d'organisation des terres de Jim, à Sarreguemines.
Dans le Tarn-et-Garonne, quelque 150 manifestants, selon la police, ont entrepris de bloquer jusqu'à jeudi la plateforme logistique de l'Intermarché à Labastide Saint-Pierre, près de Montauban, selon un communiqué de la FRSEA Midi-Pyrénées.
"L'action d'aujourd'hui n'est pas faite pour mettre le département à l'arrêt, mais simplement pour montrer notre désarroi", a déclaré Jean-Philippe Viguié, président des Jeunes Agriculteurs (JA) du département.
Xavier Beulin en a d'ailleurs appelé "à la responsabilité des uns et des autres", dénonçant au passage "une maladresse" du préfet de la région Bretagne qui a chiffré lundi à 4 millions d'euros les dégâts causés récemment par les éleveurs en colère. "Les réunions sont extrêmement rudes parce qu'on a en face de nous des gens qui sont en colère ou à l'inverse désespérés. Il faut trouver les mots, les actes qui peuvent les réconforter", a-t-il dit.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.