La France augmente ses importations de gaz russe
ÉNERGIE - La France a été le premier acheteur de gaz naturel liquéfié (GNL) russe en Europe en 2022, avec 5,24 millions de tonnes, contre 3,59 millions de tonnes l'année précédente. Elle se place devant l'Espagne qui a importé 3,72 millions de tonnes, soit 51% de plus que l'année précédente.
La fermeture quasi totale par la Russie des gazoducs reliant le géant eurasiatique à l'Europe a contraint les 27 États membres de l'Union européenne (UE) à augmenter leurs achats de gaz naturel liquéfié (GNL) aux quatre coins du monde. Mais paradoxalement, la Russie est restée un de ces principaux fournisseurs.
Selon les chiffres publiés vendredi 14 juillet par le Groupement International des Importateurs de Gaz Naturel Liquéfié (GIIGNL), le bloc européen a importé par voie maritime un total de 14,17 millions de tonnes de combustible russe, contre 12,99 tonnes un an plus tôt.
Outre la fermeture des gazoducs, cette augmentation s'explique par l'absence de sanction sur le gaz en provenance de ce pays. Contrairement au pétrole ou au carburant, le gaz liquéfié transporté par bateau n'est pas soumis à des sanctions.
Un consortium énergétique
En 2022, les deux principaux points d'entrée du gaz liquéfié russe dans l'UE étaient la France et l'Espagne car ces pays disposent du plus grand réseau d'usines de regazéification (indispensable pour remettre le combustible à l'état gazeux après son voyage). La France a donc reçu 5,24 millions de tonnes, contre 3,72 millions de tonnes pour l'Espagne et, loin derrière, 1,92 million de tonnes pour la Belgique, en troisième position.
Contrairement au gaz acheminé par gazoduc, le GNL russe provient presque entièrement des gisements de la péninsule de Yamal. Il est commercialisé par un consortium auquel ne participe pas le Kremlin, mais la compagnie gazière privée russe Novatek (50%), les compagnies énergétiques française et chinoise TotalEnergies et CNPC (20% chacune), et le fonds public chinois Silk Road Fund (10%). Le Kremlin n'intervient donc pas. Ou du moins pas directement.
Les États-Unis, principal fournisseur de gaz naturel liquéfié
Si l'augmentation des arrivées de GNL russe en Europe a été substantielle, le bond a été encore plus important pour les importations en provenance des États-Unis : elles ont plus que doublé en l'espace de 12 mois, passant de 21,47 millions de tonnes à 51,74 millions de tonnes. L'océan Atlantique étant devenu ces derniers mois un immense couloir pour les méthaniers, le gaz liquéfié américain est désormais un atout majeur pour l'Union européenne. En contrepartie, les exportateurs américains ont bien sûr vendu en masse, et cette activité était totalement inattendue jusqu'au 24 février de l'année dernière, date du début de la guerre en Ukraine.
Le Qatar, qui rivalise avec l'Australie et les États-Unis, a conclu de juteux contrats d'approvisionnement à long terme avec plusieurs pays européens. Il est passé de l'exportation de 15,99 millions de tonnes de GNL vers le Vieux Continent en 2021 à la vente de 18,72 millions de tonnes en 2022. La Norvège, quant à elle, a plus que triplé ses ventes à l'UE, passant de 240.000 tonnes à 2,62 millions de tonnes un an plus tard. Le revers de la médaille est l'Algérie, qui a réduit ses ventes de gaz par bateau à l'Europe de 18%, pour atteindre 9,21 millions de tonnes.
Le gaz est l'une des clés de la guerre depuis le début du conflit, car il contribue au financement de la Russie, mais il est aussi un produit de première nécessité pour les citoyens et les entreprises. Selon Eurostat, 31,4% du gaz est utilisé pour la production d'électricité ou de chaleur, 24% pour les ménages et 22,6% pour la production industrielle.
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