Surtaxe de véhicules électriques fabriqués en Chine : Berlin toujours incertain pour le vote, la France, l’Italie, la Grèce et la Pologne favorables

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France-Soir
Publié le 03 octobre 2024 - 10:35
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Vendredi, les États membres de l’Union européenne (UE) devront se prononcer sur l’instauration de droits de douane pouvant atteindre 45% sur les importations de véhicules électriques fabriqués en Chine. La France, la Grèce, l’Italie ainsi que la Pologne ont déjà exprimé leur intention de voter en faveur de ce texte, rendant son adoption plus que probable. De son côté, l’Allemagne, qui s’était déjà exprimée contre cette hausse des tarifs et qui s’est abstenue lors d’un vote en juillet, n’a toujours pas décidé si elle soutiendrait la Commission dans sa démarche ou pas, selon les déclarations de son chancelier, Olaf Scholz, en présence du président Emmanuel Macron, à Berlin.    

Les relations commerciales entre l’UE et la Chine, déjà très tendues depuis de nombreux mois, pourraient, sans aucun doute, empirer ce vendredi 04 octobre. Les États membres devront se prononcer sur les tarifs douaniers pouvant atteindre 45% sur les véhicules électriques fabriqués et importés de Chine. La France, la Grèce, l'Italie et la Pologne ont déjà affirmé leur décision de voter en faveur de cette surtaxe.  

Suffisamment de voix en faveur des tarifs, Berlin hésite toujours 

En visite en Allemagne, le président français Emmanuel Macron a déclaré qu'il soutenait ces tarifs douaniers, estimant que le niveau des subventions chinoises était “insupportable”. “De manière générale, nous devons protéger l’égalité des conditions de concurrence dans tous les différents secteurs de notre industrie”, a-t-il justifié.  

Pour appliquer ces tarifs définitifs pour les cinq prochaines années, il est nécessaire que la majorité qualifiée de 15 pays, représentant 65% de la population européenne, ne soit pas contre ce vote. Mais ces quatre pays, décidés à voter “Oui”, représentent déjà près de 40% de la population de l’UE.  

Si le vote de l’Espagne, d’abord partisane des tarifs douaniers puis réticente après une visite en septembre de son Premier ministre Pedro Sanchez en Chine, est incertain, c’est la position de Berlin qui est scrutée. Sa relation économique et commerciale avec Pékin est étroite et l’Allemagne craint des répercussions sur son industrie automobile, puisque la Chine est un acteur plus qu’actif sur ce marché.  

Hier, le chancelier allemand Olaf Scholz a d’ailleurs déclaré que les négociations avec la Chine devaient se poursuivre. Son pays pourrait à nouveau s’abstenir de voter en raison des divergences d'opinion au sein de son gouvernement tripartite. “Une solution négociée serait certainement préférable à l’imposition de tarifs douaniers, aussi calibrés soient-ils”, a déclaré un de ses conseillers à Bloomberg. 

La CE se dit prête à “continuer à négocier une alternative”, avec un réexamen des prix à la clé ou surtout, un engagement pékinois à investir sur le sol européen pour fabriquer ses véhicules électriques.  

Pékin dénonce un “comportement protectionniste”  

Pour rappel, l'Union européenne a décidé début juillet 2024 d'imposer des taxes provisoires sur les voitures électriques importées de Chine. Ces taxes provisoires pouvaient atteindre jusqu'à 38% et ont été mises en place en attendant une décision finale sur les droits de douane définitifs.  

Cette mesure faisait suite à une enquête lancée en octobre 2023 et menée par la Commission européenne (CE) pour déterminer si les constructeurs chinois bénéficient de subventions gouvernementales qui pourraient constituer une concurrence déloyale pour les fabricants européens. L’enquête a démontré que les ventes de véhicules électriques à batterie (VEB) fabriqués en Chine avaient explosé en trois ans, passant de 57.000 en 2020 à plus de 437.000 en 2023. Jusqu'en juin dernier, les marques chinoises représentaient ainsi 11% du parc électrique en Europe.   

Les fabricants européens se retrouvent alors dépassés par leurs coûts de production, bien plus élevés que ceux constatés en Chine. Trois entreprises chinoises sont dans le collimateur : SAIC, partenaire de Volkswagen en Chine et dont la MG4 est le véhicule le plus vendu en Europe, BYD et Geely. Les trois fabricants sont déjà concernés, respectivement, par une surtaxe de 36,3 %, 17 % et 19,3 %. Les autres constructeurs ont été soumis à une imposition supplémentaire moyenne de 21% pour les plus coopératifs à l'enquête, de 37,6% pour les plus récalcitrants.  

La Chine a immédiatement exprimé son mécontentement en saisissant l’OMC et en soulignant que ces taxes pourraient nuire aux relations commerciales entre l'UE et la Chine. Pékin a dénoncé “un comportement purement protectionniste”, avertissant sur les répercussions possibles d’une telle mesure, et soulignant sa ferme intention de “prendre toutes les mesures pour défendre fermement ses droits légitimes”. La Chine avait d’ailleurs annoncé une enquête antidumping sur les importations de porc européen, suivant celle déjà ouverte sur les eaux-de-vie de vin de l'UE ; à l’image du cognac.  

En août, la CE a confirmé son intention d'imposer des droits de douane allant jusqu'à 36% pour une durée de cinq ans. Il s’agit de la décision qui doit être approuvée par les 27 demain. En guise de réciprocité, Pékin a annoncé sa riposte par une enquête visant des subventions supposées accordées par les 27 à des produits laitiers. A quelle réaction chinoise peut-on s’attendre à partir de vendredi ? 

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