Jusque dans les Pyrénées, des insecticides menacent les écosystèmes des lacs
Des chercheurs d'une équipe du CNRS de Toulouse viennent de publier une étude certifiant que 151 molécules chimiques et toxiques ont été retrouvées dans les analyses de l'eau de huit lacs de montagne des Pyrénées. Malgré leur altitude et leur plus faible fréquentation, ces endroits naturels ne sont pas épargnés par cette pollution.
Pesticides, insecticides et autres fongicides...
Sans trop de surprise, les substances trouvées sont issues des activités humaines : perméthrine, diazinon, ou encore benzothiazole. Ce sont des composants habituels des pesticides, insecticides et autres fongicides. Deux de ces molécules, que l’on retrouve particulièrement dans les insecticides ou insectifuges, sont considérées comme "très toxiques" : le diazinon et la perméthrine. Pour l'étang d'Ayès (Ariège), un des lacs analysés, le taux habituellement toléré était largement dépassé.
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Des substances potentiellement liées à l’élevage, à la pollution et aux anti-moustiques
Malgré leur situation (entre 1 700 et 2 400 mètres d’altitude) et leur éloignement des activités industrielles, ces lacs ne sont pas épargnés par la pollution. Certains produits comme les insecticides sont utilisés dans ce milieu, notamment par les éleveurs de bétail, pour combattre les puces et les tiques de leurs animaux. Ces substances sont aussi utilisées pour lutter contre la maladie de la langue bleue (ou fièvre catarrhale ovine) dans l’élevage. Ainsi, des brebis qui mettent les pattes dans l'eau ou des bovins qui se baignent amènent dans ces sources d'eau des molécules chimiques.
Le problème de la contamination des lacs par contact avec les animaux pourrait être géré en mettant à contribution les éleveurs. En réduisant l'usage de ces traitements sur leur bétail, par exemple. Mais les bêtes ne sont pas les seules responsables de cette pollution. Les chercheurs considèrent aussi d’autres causes : le transport atmosphérique par la pluie depuis les activités de la vallée, et le tourisme. Une autre substance polluante identifiée dans les lacs, la perméthrine, est utilisée dans certains répulsifs à insectes destinés à l’être humain. C'est-à- dire qu’elle aurait pu être amenée dans ces écosystèmes par des randonneurs badigeonnés d'anti-moustique.
Quelles conséquences pour l’environnement et la santé humaine ?
Les chercheurs signalent que ces molécules chimiques peuvent s'avérer dangereuses pour l'écosystème. Elles peuvent provoquer la disparition de micro-organismes, notamment en tuant l'araignée d'eau, ou d’autres micro-crustacés. Préoccupation majeure pour l’environnement, cette pollution participerait aussi à la prolifération d'algues toxiques.
In fine, elle pourrait aussi affecter la santé humaine, puisque ces eaux d’altitude terminent dans l’eau du robinet. Or, le diazinon rapporté est une substance considérée comme "probablement cancérogène pour l’Homme". En France, près de 65 % de la population consomme de l’eau du robinet, et malgré une réglementation bien précise, il y a toujours des limites à la potabilité de l’eau. En cas de doute, un site du ministère de la Santé permet de surveiller l’état de l’eau de robinet.
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