Notre-Dame-des-Landes : pros et antis irréconciliables avant le référendum

Auteur(s)
Victor Lefebvre
Publié le 16 juin 2016 - 15:01
Mis à jour le 21 juin 2016 - 16:10
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A Notre-Dame-des-Landes.
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©Stéphane Mahé/Reuters
"Ce +référendum+ est là pour cacher les erreurs et manquements" du projet d'aéroport, dénonce l'Acipa.
©Stéphane Mahé/Reuters
Entre Des ailes pour l'Ouest et l'Acipa, la tension est palpable. La première association attend impatiemment un "oui" le 26 juin qui confirmerait les nombreuses enquêtes et décisions de justice. Des décisions qui reposent sur les "mensonges" de l'Etat pour la seconde. FranceSoir a interrogé les leaders des deux associations, irréconciliables.

"Une consultation n'est pas la même chose qu'un référendum", rappelle immédiatement Dominique Fresneau, co-président de l'Acipa, interrogé par FranceSoir. L'association opposée au projet d'aéroport Notre-Dame-des-Landes ne voit dans ce que François Hollande a appelé un "référendumlocal" qu'une "étape dans la contestation de ce projet".

"On découvre de jour en jour des mensonges de l'Etat et des porteurs de projet. Ce +référendum+ est là pour cacher ces erreurs et ces manquements", explique Dominique Fresneau. Il conteste notamment l'intitulé de la question posée: "Souhaitez-vous le transfert de l'aéroport vers Notre-Dame-des-Landes?", qui selon lui ne répond pas à la vrai question "Faut-il construire?".

L'Acipa fait bien sûr campagne pour le "non", mais conteste également la tenue de cette consultation en justice, "son périmètre, la question posée et le moment auquel elle intervient", précise Dominique Fresneau.

"Un référendum se fait sur la France. On devrait au moins demander l'avis à tous ceux qui payent. Les habitants du Pays de la Loire et de Bretagne. On est au-delà de ça avec une consultation uniquement sur la Loire-Atlantique et qui n'a aucune valeur d'engagement", si ce n'est "celui de la parole donnée" par François Hollande, qui avait promis que "l'Etat tirerait les conséquences" d'un "non".  "Consulter les citoyens après la déclaration d'utilité publique il y huit ans, on fait les choses à l'envers", renchérit le coprésident de l'Acipa.

Une méthode qui selon les opposants au projet s'inscrit dans la continuité de celles employées jusqu'ici, avec une procédure destinée à favoriser la construction de l'aéroport en donnant l'illusion du respect des règles: "La déclaration d'utilité publique de 2008 disait que l'aéroport de Nantes-Atlantique allait être saturé, que les vols allaient être reportés sur les aéroports régionaux locaux en générant un surcoût énorme pour les passagers. La méthode de calcul n'a jamais été donnée aux opposants pour qu'on puisse au moins faire comparer ces chiffres par des experts".

Pour Dominique Fresneau, le projet a été "saucissonné" pour respecter en apparence les règles. "Si on jugeait la totalité du projet dès le départ, ils auraient un problème à le faire passer du premier coup". Un point de vue qui s'appuie notamment sur une mise en demeure par la Commission européenne. En 2014, elle a reproché à la France de ne pas avoir réalisé d'étude environnementale globale, omettant d'inclure dans le projet les conséquences des infrastructures secondaires, notamment les voies d'accès.

"Toutes les commissions scientifiques ont donné un avis défavorable, mais dans le droit français un décret n'est pas obligé de tenir compte de ces avis", ajoute-t-il.

Des arguments vite écartés par Alain Mustière, président de l'association Des ailes pour l'Ouest, favorable au projet: "L'Acipa a changé à chaque fois d'angle d'attaque, ils ont pour règle depuis le départ de dire +pas d'aéroport ni là ni ailleurs+", avance-t-il, "Ils savent qu'avec les contraintes (d'un aménagement) de Nantes Atlantique, on va dans une impasse et qu'on en aurait pour 20 à 25 ans de procédures sans débouchées".

Rappelant les "violences" des opposants, Alain Mustière s'appuie sur les nombreuses décisions de justice favorables au projet (plus de 150  en comptant les appels et pourvois en cassation) et les chiffres des différents rapports, ceux-là même que contestent l'Acipa. "Est-ce que tous nos élus sont des imbéciles et tous les juges des incompétents? Il faut bien que la population a un moment donné fasse confiance", tranche-t-il.

"J'espère que la population va réaffirmer (le 26 juin) avec force que le transfert de l'aéroport est un bon choix. Pour convaincre complètement le gouvernement d'enfin engager les travaux. (...) Si la ZAD avait été évacuée au moment où elle devait l'être, l'aéroport serait déjà fait". Un "non" serait une "connerie" conclut-il.

Face à des visions aussi antinomiques, le compromis ne semble guère possible, et les électeurs de Loire-Atlantique n'auront semble-t-il d'autre choix le 26 juin que de choisir un camp. Reste à définir sur quelles bases.

 

Cet article fait partie de notre dossier "Notre-Dame-des-Landes: un référendum pour quoi faire?", à consulter en cliquant ICI

 

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