Affaire Théo : les parties s'opposent sur la question du viol, la tension redescend à Aulnay-sous-Bois
Une semaine après l'interpellation brutale d'un jeune de 22 ans en Seine-Saint-Denis, devenue l'affaire Théo, les parties s'opposent sur la question du viol.
A Aulnay-sous-Bois, la tension baisse après des violences pour lesquelles quatre jeunes comparaissaient ce jeudi 9 après de premières condamnations la veille.
Un policier qui plaide un geste "involontaire"
Ce jeudi, l'avocat du fonctionnaire de 27 ans mis en examen pour viol a plaidé le geste "involontaire", Théo affirmant à l'opposé que le policier lui a "enfoncé volontairement" sa matraque "dans les fesses".
Lors de l'interpellation, le jeune homme "se débat dans tous les sens" et un des coups qui part en direction de sa cuisse va le "blesser gravement", a expliqué Me Frédéric Gabet à l'AFP.
Dans un communiqué commun, les avocats des quatre policiers appellent au "respect de la présomption d'innocence", s'insurgeant contre les "pressions politiques et les propos irresponsables".
"Certains médias et certaines personnalités politiques (...) ont voulu jeter +les policiers aux chiens+ avant même que les enquêteurs et la justice ne se prononcent", a dénoncé, en écho, le syndicat de police Alliance dans un communiqué.
Dans ses premières conclusions, l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) avait retenu "le caractère non intentionnel" du coup de matraque. Le parquet de Bobigny s'était notamment basé sur ce rapport pour ouvrir une information judiciaire pour "violences". Mais, in fine, la juge d'instruction a décidé de mettre en examen l'un des quatre fonctionnaires pour viol, et les trois autres, âgés de 24, 28 et 35 ans, pour violences.
Théo toujours hospitalisé
A la question "comment va Théo", son avocat Éric Dupond-Moretti a répondu ce jeudi: "Comme un garçon qui a été violé". "Les marques de solidarité lui font du bien", a-t-il ajouté.
Toujours hospitalisé une semaine après son arrestation brutale, le jeune homme s'est vu prescrire 60 jours d'incapacité totale de travail (ITT). Un médecin a notamment diagnostiqué "une plaie longitudinale du canal anal" de 10 centimètres et une "section du muscle sphinctérien".
"Physiquement, il y a des dégâts qui sont considérables: il porte une poche, on ne sait pas si c'est définitif ou provisoire. Le colon a été touché (...). Psychologiquement, il est démoli", selon son avocat.
Allongé sur son lit d'hôpital, devant le chef de l’État venu à son chevet, Théo a exhorté mardi 7 les jeunes de son quartier, en proie à des violences urbaines, à ne "pas faire la guerre" et à "rester unis", affirmant avoir "confiance en la justice".
Tension en baisse à Aulnay-sous-Bois
Deux jours après cet appel au calme, la tension a continué à baisser dans la vaste cité des 3.000 mais des incidents épars ont éclaté dans d'autres villes de Seine-Saint-Denis. Vingt-huit personnes ont été interpellées, dont une à Aulnay-sous-Bois, pour "jet de projectiles, incendie ou violences".
Le maire LR de la ville, Bruno Beschizza, a une nouvelle fois appelé ce jeudi à un "retour au calme". "La justice doit pouvoir travailler en toute sérénité", a-t-il estimé, indiquant que la famille de Théo aspirait "à se reconstruire pleinement, loin des caméras et des micros".
A Aulnay, le point d'orgue des affrontements a eu lieu dans la nuit de lundi 6 au mardi 7, où des policiers ont effectué des tirs de sommation à balles réelles. La tension a aussi gagné plusieurs grandes villes, Nantes et Bordeaux, où la police a procédé à des interpellations lors de manifestations.
Quatre jeunes jugés à Bobigny
Soupçonnés d'avoir pris part à des violences contre la police, quatre jeunes devaient être jugés ce jeudi en comparution immédiate à Bobigny, après des premières condamnations mercredi 8. L'un a comparu pour "outrages et violences sur personne dépositaire de l'autorité publique", un autre pour "dégradation" et "outrages" et deux pour "complicité de violences sur personne dépositaire de l'autorité publique".
Mercredi 8, deux jeunes ont été condamnés à six mois de prison ferme. Trois autres, poursuivis pour les mêmes faits, ont été condamnés à six mois de prison avec sursis. Un sixième prévenu, accusé de jets de pierre à l'encontre des forces de l'ordre, a été relaxé.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.