Après l'attentat de Berlin, les fêtes de Noël sous haute surveillance en France
Le carnage provoqué lundi 19 au soir par un camion lancé sur une foule dans la capitale allemande a résonné tout particulièrement en France, pays d'Europe le plus ciblé par les djihadistes depuis près de deux ans et qui vit sous le régime exceptionnel de l'état d'urgence.
Le dernier attentat de masse en France avait également été perpétré avec un poids lourd fonçant sur une foule rassemblée au soir de la fête nationale à Nice (sud-est). L'attaque, revendiquée par le groupe djihadiste Etat islamique (EI), avait fait 86 morts. Les autorités avaient annulé dans la foulée de nombreuses festivités estivales.
Le président français François Hollande a évoqué mardi une "vigilance particulièrement élevée" face à un "haut niveau de menace". La sécurité a été renforcée sur "toutes les manifestations de fin d'année", comme sur le marché de Noël des Champs-Elysées, a affirmé le ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux.
Des plots en béton vont être rajoutés sur les trottoirs de la célèbre avenue parisienne, a indiqué à l'AFP un responsable de la sécurité privée du marché de Noël, Rudy Mathieu. "On ne voit pas beaucoup de policiers, ils sont peut-être en civil, en même temps on n'a pas envie de voir des soldats en armes tous les deux mètres", témoignait de son côté un touriste mauricien, Ivan Pallen, 27 ans.
Le marché de Noël des Champs-Élysées figurait parmi une dizaine de cibles potentielles visées par six hommes arrêtés récemment en France, qui projetaient un attentat le 1er décembre.
A Strasbourg (est), où le marché de Noël est une institution attirant des milliers de touristes, des fouilles aléatoires sur les ponts de la ville menant à cette attraction sont déjà pratiquées quotidiennement et des obstacles, tels que des camions-bennes et des plots rétractables, empêchent tout véhicule d'approcher les stands.
De nombreux pays européens ont annoncé des patrouilles accrues des forces de l'ordre dans les lieux publics et les niveaux d'alerte, déjà à un degré très élevé, ont été maintenus.
La Belgique, l'un des foyers du djihadisme en Europe, a ainsi maintenu un niveau d'alerte correspondant à une menace "possible et vraisemblable". A Bruxelles, cible en mars de deux attaques coordonnées (32 morts), et Anvers, les autorités ont néanmoins appelé à la "vigilance".
Au Royaume-Uni, les autorités ont "pris en compte" le risque d'une attaque au camion et le niveau d'alerte a été maintenu à "très élevé" pour Noël et le Nouvel an. A Birmingham (centre), des barrières ont déjà été érigées ces dernières semaines autour du marché de Noël, le plus important du pays.
L'Autriche va pour sa part renforcer ses effectifs policiers autour de ses nombreux marchés très populaires, en particulier à Vienne, qui compte pas moins de vingt sites. La Pologne a aussi décidé de renforcer avec la police militaire les patrouilles de police dans des endroits jugés fragiles, comme les gares ou les centres commerciaux, a indiqué à l'AFP Mariusz Ciarka, porte-parole de la police.
L'Italie, régulièrement citée comme cible sur les vidéos de propagande de l'EI, a déjà mis en place un dispositif renforcé pour Noël mais n'a pas détecté de "signal d'alarme" particulier. Dans les pays scandinaves comme en République tchèque, des patrouilles accrues ont été annoncées, sans relèvement du niveau de menace.
Parallèlement, les autorités cherchaient à rassurer la population, à quelques jours de la fête chrétienne de Noël. Le ministre autrichien de l'Intérieur, Wolfgang Sobotka, a ainsi appelé à ne pas laisser "le terrorisme l'emporter sur les traditions". "Je demande à chacun de continuer à vous rendre sur les marchés ou aux grandes manifestations, quoiqu'avec la plus grande prudence", a-t-il exhorté.
Son homologue français a, lui, demandé aux habitants "de s'amuser, de sortir" pour éviter un "climat de peur". Les islamistes ultraradicaux de l'EI dénoncent régulièrement dans leur propagande et communiqués de revendication les dirigeants "croisés" occidentaux et "le royaume de la Croix", expression semblant désigner l'Europe.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.