Attentat de Nice : entre deuil, enquête et polémiques
Le temps se figera ce lundi 18 à 12h sur la Promenade des Anglais à Nice, où 84 personnes ont perdu la vie jeudi, pour une minute de silence en hommage aux victimes de cet attentat sanglant tandis que l’enquête progresse sur d’éventuelles complicités dont aurait bénéficié son auteur.
Le deuil national de trois jours décrété samedi culminera avec cette minute de silence, que François Hollande suivra place Beauvau en compagnie du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Avant cette cérémonie, le chef de l’Etat présidera un troisième Conseil de défense et de sécurité à l'Elysée depuis l'attentat, qui a fait 84 morts, dont 10 enfants et adolescents.
A Nice, ce moment de recueillement sera observé au monument du Centenaire, sur la Promenade des Anglais où des "moyens exceptionnels supplémentaires" seront mobilisés pour la sécurité. La célèbre avenue sera ensuite totalement rouverte. Devant un mémorial improvisé sur les lieux de la tuerie, des passants ont continué à déposer fleurs et messages.
L'enquête concernant Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a quant à elle progressé, sur la recherche de possibles complicités et sur sa personnalité. Sept personnes sont désormais en garde à vue, après la levée de celle de son épouse, qui était en instance de divorce.
Un homme de 37 ans, membre de l'entourage du tueur, et un couple d'Albanais ont été arrêtés dimanche à Nice. L'homme de ce couple, âgé de 38 ans, est soupçonné d'avoir fourni le pistolet qui a servi au chauffeur-livreur le soir du drame. Un des quatre hommes de l'entourage du tueur arrêtés vendredi et samedi, âgé de 22 ans, est aussi soupçonné d'avoir fourni un soutien logistique, ce qu'il conteste.
Selon des sources policières, au moins une personne a évoqué en garde à vue un basculement "récent" vers "l'islam radical" de Lahouaiej-Bouhlel, un homme violent qui n'affichait jusqu'il y a peu aucun intérêt particulier pour la religion. L'attaque de Nice a été revendiquée par les djihadistes de l'État islamique, comme les attentats parisiens du 13 novembre, les plus meurtriers jamais commis en France avec 130 morts.
Jeudi soir, peu avant de foncer au volant d'un camion dans la foule qui venait d'assister au feu d'artifice de la fête nationale sur la Promenade des Anglais, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel avait envoyé un SMS "se félicitant de s'être procuré un pistolet 7.65 et évoquant la fourniture d'autres armes", selon des sources proches du dossier.
Les 12 et 13 juillet, le tueur, jamais signalé pour radicalisation mais connu pour des violences, avait fait des repérages sur la Promenade des Anglais avec le poids lourd, réservé dès le 4 juillet. Le Tunisien de 31 ans "s'est également pris en photo au volant du camion" entre sa location le 11 juillet et le soir du carnage, avant de l'envoyer par SMS. Les enquêteurs s'attèlent à "identifier l'ensemble des destinataires" des messages.
L'attentat de Nice a relancé la polémique sur la politique antiterroriste du gouvernement. "Tout ce qui aurait dû être fait depuis dix-huit mois ne l'a pas été", a déclaré dimanche soir sur TF1, l'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy. "Je sais parfaitement que le risque zéro n'existe pas" mais "une autre politique est possible", a affirmé le président du parti Les Républicains, pour qui la mobilisation de la réserve opérationnelle civile n'est pas de nature à "résoudre le problème du terrorisme".
Bernard Cazeneuve avait appelé samedi soir "tous les Français patriotes" à rejoindre cette réserve qui compte 12.000 volontaires, pour contrer la menace terroriste.
Le Premier ministre Manuel Valls et M. Cazeneuve ont immédiatement répliqué à Nicolas Sarkozy, en assurant qu'"aucun gouvernement n'a fait autant jusqu'à présent pour lutter contre le terrorisme". Les deux hommes mettent en avant "l'augmentation de 17% des crédits de fonctionnement des forces de sécurité intérieure" depuis 2012, "là où ils avaient diminué d’autant lors du précédent quinquennat" de Nicolas Sarkozy.
Reste que les Français semblent douter de la capacité de l’exécutif à contrer la menace. Dans un sondage à paraître lundi dans le Figaro, 99 % des personnes interrogées estiment que celle-ci est "élevée" ou "très élevée" et seulement 33% d’entre elles font confiance à M. Hollande et au gouvernement pour faire face et lutter contre le terrorisme.
Les 34 premiers permis d'inhumer ont été délivrés dimanche, a annoncé le parquet de Paris, ce qui permettra d'engager la restitution des corps. Deux nouvelles victimes ont été identifiées : un Américain, Nicolas Leslie, 20 ans et étudiant à l’Université de Berkeley, et une Brésilienne, Elizabeth Cristina de Assis Ribeiro. Sa fille, Kayla, 6 ans, faisait déjà partie des morts.
Le bilan de l’attentat, qui a fait 84 morts dont 10 enfants et adolescents, pourrait encore s'alourdir. Le pronostic vital de 18 blessés, dont un enfant, est engagé, sur les 85 personnes toujours hospitalisées dimanche.
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