Attentat de Trèbes : le face à face entre le colonel Beltrame et Radouane Lakdim

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La rédaction de France-Soir
Publié le 23 juillet 2018 - 12:31
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Le portrait du lieutenant-Colonel Arnaud Beltrame parmi des bouquets de fleurs, à la gendarmerie de Carcassonne, le 25 mars 2018
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© Eric CABANIS / AFP
La retranscription de l'appel téléphonique entre un négociateur et le colonel Beltrame pris en otage par Radouane Lakdim soulève de nouvelles questions autour du déroulement de l'attentat de Trèbes.
© Eric CABANIS / AFP
Dimanche, la retranscription des derniers instants du gendarme Arnaud Beltrame et du terroriste Radouane Lakdim lors de l'attentat du Super U de Trèbes a été dévoilée. L'enregistrement pose question sur le bien fondé du geste du gendarme mais aussi sur le délai d'intervention des forces de l'ordre.

Le 23 mars dernier, Radouane Lakdim faisait irruption dans le Super U de Trèbes et y prenait en otage une partie des employés et des clients. Le colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame, dépêché sur les lieux avec ses hommes, s'était substitué à une otage.

Un acte de bravoure salué au niveau national qui avait entraîné sa mort. Dimanche 22, Le Parisien a dévoilé la retranscription de la conversation téléphonique entre le terroriste, le gendarme otage et le négociateur.

Et celle-ci, ainsi que de nouveaux témoignages, soulèvent des questions quant au bien fondé de l'acte, qui n'en est pas moins héroïque, du colonel mais aussi à propos du délais d'intervention des forces de l'ordre après "l'assaut" mené par le gendarme.

Arnaud Beltrame est en effet passé outre les techniques d'interventions habituelles, laissant ses hommes parfois surpris bien qu'ils ne cessent de rendre hommage à sa bravoure.

Ainsi l'un de ses jeunes collègues a indiqué que le colonel n'était "pas équipé d'un gilet pare-balles lourd", contrairement à d'autres hommes présents sur les lieux et censés gérer la prise d'otage. "Comme le veut la consigne, je lui ai demandé de rester derrière moi", a indiqué le jeune homme.

Mais l'homme le plus gradé de la compagnie n'a pas entendu les recommandations de son collègue. Ainsi il a interrompu un autre militaire alors qu'il était "dans une phase de négociation" avec le terroriste présent dans le supermarché.

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"Le colonel s’est redressé en levant les mains en l’air. J’ai encore crié au colonel en lui disant: «Non colonel, reculez». Mais le colonel s’est dirigé vers l’individu en lui disant: «Lâchez-la et prenez-moi à sa place»", a ainsi confié le commandant du PSIG, le peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie.

"Tout le monde était dans l’incompréhension", a indiqué un gendarme qui a cependant précisé que les agissements du colonel, peut-être un peu cavaliers et certainement "hors des clous", étaient finalement "la meilleure façon de sauver la vie de l'otage".

Arnaud Beltrame a donc pris la place de l'employée prise en otage par Radouane Lakdim, ce qui a permis aux autres gendarmes d'évacuer une partie des personnes piégées dans le Super U.

A 14h, un négociateur du GIGN est parvenu à contacter Arnaud Beltrame et Radouane Lakhim. S'en est suivie une discussion tendue dans laquelle le terroriste demandait la libération de Salah Abdeslam contre celle du colonel de gendarmerie.

Demande qui a bien sûr été rejetée par le GIGN. Le négociateur a ensuite essayé de faire appel aux sentiments de Radouane Lakdim en évoquant la présence de sa mère sur place. Le terroriste a refusé d'entrer en contact avec elle: "chacun sa tombe".

C'est juste après ce moment que le colonel Arnaud Beltrame a lancé ses derniers mots "Attaque… Assaut, assaut". Mais le négociateur n'a pas semblé comprendre que le militaire tentait alors de neutraliser son preneur d'otage. A trois reprises, l'homme du GIGN a demandé "qu'est ce qu'il se passe?".

Pas de réponse, seuls des bruits confus ont été enregistrés. "La retranscription ne rend pas compte de la situation extrêmement confuse au moment des faits. Ce qu’on identifie après coup comme des râles n’a pas forcément été perçu comme tel dans le feu et le bruit de l’action", a indiqué une source proche du dossier.

C'est seulement après avoir entendu distinctement trois coups de feu que le GIGN a lancé son assaut, une trentaine de secondes après la fin de la conversation selon le rapport de synthèse remis à la justice.

"Selon plusieurs sources, le délai entre les ultimes paroles de l’officier et l’assaut avoisine plutôt les 10 minutes", a pourtant affirmé Le Parisien. La gendarmerie n'a pas souhaité s'épancher sur cette question, il faudra donc attendre les conclusions de l'enquête pour savoir combien de temps a mis le GIGN à lancer son assaut alors que le colonel Arnaud Beltrame avait été poignardé par le terroriste.

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