A Aubervilliers, la communauté chinoise s'organise face aux agressions

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 16 août 2016 - 22:02
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Recueillement mort chinois coma Aubervilliers agression
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Messages d'alerte en cas d'agression, escortes autour du métro, manifestations: la communauté chinoise d'Aubervilliers se mobilise.
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Messages d'alerte en cas d'agression, escortes autour du métro, manifestations: la communauté chinoise d'Aubervilliers se mobilise face à des actes de violence répétés qui ont coûté la vie à l'un de ses membres vendredi 15.

"J'ai été agressé deux fois cette année", "je ne sors plus avec un sac à main", "aujourd'hui c'était lui, demain, ça peut être moi", ont témoigné, parmi des dizaines d'autres, Wang, 45 ans, Hélène 33 ans ou Seneque, 22 ans, lors d'un rassemblement organisé dimanche à Aubervilliers, en mémoire de Zhang Chaolin.

Ce couturier de 49 ans, père de deux enfants, est mort le 12 août, après avoir été agressé cinq jours plus tôt en pleine rue par trois hommes qui voulaient voler le sac d'un ami, lui aussi d'origine chinoise. Un drame "prévisible", qui "aurait pu être évité", estime-t-on au sein des 3 à 4.000 personnes originaires de Chine qui vivent dans cette ville de 80.000 habitants.

Ils dénoncent une "situation qui se dégrade", avec des agressions "de plus en plus violentes" motivées par des "préjugés" selon lesquels les Chinois seraient porteurs d'importantes sommes d'argent liquide. "C'est ce même type de préjugé qui avait conduit à la mort d'Ilan Halimi" (jeune juif enlevé et tué en 2006 par un gang qui espérait une rançon NDLR), a regretté la Licra mardi dans un communiqué, pointant un "racisme anti-asiatique" qui "a pris une ampleur inédite dans certains quartiers".

A Aubervilliers, les services de police ont recensé sur les sept premiers mois de l'année 105 vols avec violence sur les Chinois ou personnes d'origine chinoise sur un total de 666 vols avec violence dans la commune, contre 35 sur 466 sur la même période l'année dernière, selon la préfecture.

Sur l'ensemble de la Seine-Saint-Denis, 3,9% des victimes de vols avec violences sont des membres de la communauté chinoise, selon des chiffres établis sur les sept premiers mois de l'année (2,4% sur la même période en 2015). "La ville est plus touchée en raison du grand nombre de résidents et de travailleurs ponctuels d'origine chinoise qu'elle comporte", a-t-on expliqué à la préfecture.

Le sentiment d'insécurité s'accompagne d'un changement de nature des agressions, précise Ling Lenzi, conseillère municipale Les Républicains. Auparavant dirigées contre "le secteur des commerçants", elles se concentrent désormais "sur les habitants, les petites gens".

"Depuis qu'une quarantaine de caméras de surveillance ont été installées devant les commerces, accompagnées de plus de patrouilles policières, les agresseurs se sont retournés vers là où il n'y a pas de dispositif", assure-t-elle.

"M. Zhang n'avait rien sur lui", soupire Cao Hua Qin de l'Association de l'amitié chinoise en France. Depuis le début de l'année, son association se consacre exclusivement à la prise en charge des victimes d'agressions.

Quand certains habitants s'organisent pour faire à plusieurs le chemin du métro à leur domicile, l'association a elle mis en place des groupes de discussions sur la messagerie instantanée chinoise WeChat. "Si quelqu'un se fait attaquer, il peut poster un appel au secours", explique M. Cao. "Nous nous chargeons de l'amener à l'hôpital et de prévenir la police ou d'organiser un rendez-vous au commissariat pour déposer plainte", ajoute-t-il.

Dimanche, le comité de soutien à la famille de M. Zhang a réclamé "au moins 10 caméras supplémentaires dans les rues sensibles" et un renfort de policiers. Une demande également formulée par la maire PCF de la ville, Meriem Derkaoui, qui a écrit en ce sens en juillet au ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

Dénonçant un "crime au ciblage raciste", elle a assuré que le fonctionnement de la police municipale serait "revu" à la rentrée. La préfecture a de son côté annoncé la tenue mercredi d'une réunion de travail "avec les associations qui le souhaitent".

Certaines associations soulignent toutefois que l'insécurité touche toutes les communautés. "La violence, c'est un problème pour tout le quartier", souligne Rui Wang, président de l'Association des Jeunes Chinois de France (AJCF). Il se félicite d'ailleurs d'avoir vu dans le rassemblement en mémoire de M. Zhang "des militants noirs et arabes venus en solidarité".

 

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