CHU de Besançon : des "maltraitances" en dermatologie dénoncées par un directeur de service
"On a caché la vérité aux patients". Dans une interview donnée au Parisien et publié ce mardi 21, le professeur Philippe Humbert, ancien chef du service de dermatologie du CHU de Besançon, évoque des mauvais traitements et de "graves dérives" sur des patients.
Spécialiste des cancers de la peau et directeur d'un service pendant 22 ans, Philippe Humbert souhaite désormais que "la vérité soit faite". Il fait part dans le quotidien des plaintes des patients qu'il a reçu, et qui dénonçaient des cas de maltraitance, des renvoies au domicile sans diagnostic ainsi que des propos très directs comme: "vous avez 15% de chances de vous en sortir" .
Ce médecin à la renommée internationale évoque le cas des patients atteints de cancer dont le traitement se discute lors d'une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) où se concertent un chirurgien, un radiothérapeute et un oncologue. Or, il assure que le protocole a été violé lors d'au moins 25 de ces réunions entre 2014 et 2015. Des traitements par chimiothérapie "ont été pratiqués sans l'avis des chirurgiens" et des internes se sont fait passer pour des médecins, affirme-t-il.
Le but des RCP est d'éviter toute prise d'initiative personnelle a expliqué Philippe Humbert. Or plusieurs patients ont manqué de chirurgie, de diagnostic complet ou des soins nécessaires à la prise en charge de leur cancer. Il a évoqué le cas d'un homme de 50 ans atteint d'un mélanome et n'ayant pas été équipé d'une poche pour recueillir ses incontinences. Un manquement qui s'expliquerait par le fait qu'il n'aurait pas bénéficié de l'avis d'un chirurgien lors d'une RCP.
Le médecin dermatologue a aussi accusé l'établissement d'avoir privilégié la pratique de chimiothérapie à des interventions chirurgicales pour leur "rémunérations plus importantes". Il a donc tiré la sonnette d'alarme. Il est désormais en grippe avec la direction du CHU de Besançon, établissement dans lequel il exerce toujours. L'agence régionale de la santé a elle répondu en menant une inspection en novembre 2016 et en janvier 2017. Parallèlement, une trentaine de malades ont envoyé un courrier collectif à la directrice du CHU ou saisi l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) pour se faire entendre.
Selon France-Bleu Besançon, la demande de CGT Santé reçue par la direction du CHU n'a pas encore été fructueuse. Le prochain conseil de surveillance est prévu le 7 avril prochain. A cette occasion, la CFDT Santé va demander à ce que le sujet soit abordé.
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