Collision de Millas : reconstitution sur les lieux de l'accident
L'enquête sur la terrible collision entre un car scolaire et un train régional, qui a fait six morts jeudi à Millas (Pyrénées-Orientales), s'accélère: une reconstitution a eu lieu mardi pour déterminer le champ de vision de la conductrice de l'autocar et le procureur fait un point sur les investigations.
Défaillance technique ou erreur humaine: les enquêteurs tentent de savoir si les barrières du passage à niveau étaient ouvertes ou fermées mais les témoignages divergent fortement. Le bilan s'est alourdi à six collégiens tués, après la mort lundi d'un blessé grave. Le pronostic vital est toujours engagé pour cinq enfants.
Un car de l'entreprise Faur, identique à celui impliqué dans l'accident, a emprunté à plusieurs reprises le chemin parcouru jeudi après-midi par la conductrice, en traversant la voie ferrée. Aucun train n'était présent sur place. Des gendarmes ont barré la route, maintenant les journalistes à distance.
Plusieurs enquêteurs avaient pris place dans le car, avec notamment une caméra pour reconstituer le champ de vision de la conductrice, elle-même blessée, au moment de l'accident. Un drone a réalisé également des prises de vue. La reconstitution a débuté vers 10H00 et s'est achevée vers 11H30.
Le passage à niveau se situe à une dizaine de mètres d'un virage très serré. "La configuration des lieux exclut une vitesse excessive du (car) scolaire", avait indiqué vendredi soir le procureur de Marseille, Xavier Tarabeux, en charge des investigations. L'examen des disques enregistreurs a montré qu'il circulait à 12 km/h.
La vitesse du TER était de 75 km/h sur un tronçon où la vitesse maximale autorisée était de 100 km/h, selon le procureur.
-'coupé en deux'-
La conductrice du car, une quadragénaire mère de famille, a assuré que les barrières étaient "levées" lors de sa traversée des voies à Millas le 14 décembre à 16H03. Elle avait à bord 23 enfants du collège Christian Bourquin de Millas, située à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Perpignan.
Sous la violence du choc, l'autocar avait été littéralement coupé en deux, une "véritable scène de guerre" selon les autorités. Il s'agit d'un des accidents les plus graves impliquant un transport d'enfants depuis le drame de Beaune (Côte-d'Or) en 1982 (53 morts dont 44 enfants).
En revanche, le conducteur du train affirme que ces barrières étaient fermées. La SNCF a déclaré de son côté que le passage à niveau n°25 "fonctionnait normalement" au moment de l'accident.
Les enquêteurs ont recueilli des "éléments matériels" sur la scène de l'accident, notamment "le bloc d'articulation de la barrière", tendant à montrer que celle-ci était fermée, a souligné samedi le procureur.
"Nous devons bien évidemment expertiser cet élément pour déterminer si c'est un fonctionnement qui est normal, ou au contraire si c'est la résultante de l'accident", avait-il dit avec prudence.
Le procureur de Marseille tiendra mardi à 15H00 au TGI de Perpignan une réunion d'information, fermée à la presse, pour faire le point avec les familles de victimes sur les investigations en cours et le déroulement de l'enquête.
Elle sera suivie d'un point de presse du magistrat à 16H30 au centre d'art contemporain Walter Benjamin à Perpignan.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.