Crash de l'Egyptair : enquête autour de l'escale à Roissy
Contrôle du personnel ayant accès aux avions, visionnage de la vidéosurveillance... Depuis le crash de l'avion d'EgyptAir, les enquêteurs sont à pied d'œuvre à l'aéroport parisien de Roissy, sous haute surveillance après les attentats djihadistes de 2015 pour éviter notamment l'infiltration de salariés radicalisés.
Après les attentats de novembre à Paris, les autorités ont décidé de passer au crible les 86.000 autorisations d'accès à la zone dite "réservée" de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle. Au total, entre janvier 2015 et avril 2016, plus de 600 personnes se sont vu retirer ce sésame, ou refuser son attribution ou son renouvellement. Parmi elles, 85 étaient soupçonnées de radicalisation, selon la préfecture déléguée aux aéroports.
Malgré cela, on dénombre encore sur la plateforme "400 cas inquiétants de radicalisation", selon une source proche du dossier. Pour les identifier, les autorités s'attachent à chaque détail: le refus par un salarié de sexe masculin de s'adresser à une femme ou de recevoir des consignes de sa part suffisent à motiver le retrait d'un badge.
Depuis jeudi 19, des personnels au sol qui ont eu, de près ou de loin, à approcher l'avion de la compagnie égyptienne qui s'est abîmé en Méditerranée dans la nuit de mercredi à jeudi, alors qu'il reliait Paris au Caire, sont entendus par les enquêteurs, qui assurent toutefois ne privilégier pour l'heure aucune piste.
La gendarmerie des transports aériens (GTA), la police aux frontières (PAF) et les services de renseignements travaillent à reconstituer le film de l'escale de l'Airbus A320 à Roissy. Arrivé du Caire à 21h55 mercredi, il en a redécollé à peine une heure plus tard, peu après 23h, un laps de temps très court.
Passagers, membres d'équipage, personnel d'entretien et de ravitaillement, bagagistes: l'objectif est d'identifier toutes les personnes qui ont eu accès à l'appareil, à l'aide notamment de la vidéosurveillance. Selon une source proche de l'enquête, "aucune faille ou personne suspecte" n'a pour l'instant été identifiée.
A première vue, les mesures de sûreté et de sécurité à Roissy "ont été correctes", a dit une autre source proche du dossier à l'AFP. Selon elle, "l'hypothèse terroriste n'est pas exclue, mais davantage sous la forme d'une action humaine que d'une bombe". La tâche est en outre compliquée par le fait qu'avant de décoller de Paris, l'appareil est passé par l'Egypte, l'Erythrée et la Tunisie.
La liste des passagers est elle aussi auscultée. "Il est beaucoup trop tôt pour dire s'il y a ou non un profil qui pose problème... ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de soupçons", a déclaré à l'AFP une source proche de l'enquête.
Selon une source aéroportuaire, aucun fret n'a été embarqué à Roissy. Et les bagages en soute et en cabine ont été "inspectés et filtrés à 100%". L'hypothèse de l'introduction d'un engin explosif à Roissy lui semble donc "fortement improbable".
Suite à l'élévation de la menace en novembre, de nouvelles mesures de contrôle ont été instaurées dans tous les aéroports français. "Passagers et bagages de soute sont contrôlés par trois systèmes qui se succèdent", explique à l'AFP Xavier Tytelman, expert en sécurité aérienne. "Après un premier contrôle par des scanners, 30% des bagages considérés comme suspects sont dirigés vers un deuxième système: des tomographes qui détectent les connections chimiques, révélateurs de présence ou pas d'explosifs. Dernière étape, une phase d'inspection humaine avec l'éventuelle intervention d'une équipe de déminage: pour les bagages de soute, c'est 100% de réussite", estime-t-il.
Quant aux bagages à main, les contrôle au scanner sont "fiables à 99,9%". Selon le spécialiste, "on aura du mal à faire plus, si ce n’est en ayant recours au profilage", également en pratique dans les aéroports parisiens depuis les attentats de Bruxelles, qui ont notamment frappé l'aéroport de Zaventem en mars.
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