Etat d'urgence : le syndicat Alliance souhaite "des mesures pérennes" pour les policiers
Depuis les attentats de janvier 2015, les policiers français sont mis à contribution dans le cadre du plan Vigipirate. Les attaques du 13 novembre ont entraîné la mise en place de l'état d'urgence qui pourrait être prolongé au-delà du 26 février.
Alliance, premier syndicat de policiers, se félicite de cette mesure exceptionnelle qui "nous a ouvert des possibilités", déclare à FranceSoir Stanislas Gaudon, secrétaire administratif général adjoint du syndicat. "Ça nous permet d'avoir certains moyens de pression sur des individus qui seraient susceptibles de passer à l'acte".
L'idée d'une prolongation de ce régime exceptionnel est donc salué par Alliance. Mais "au-delà, on souhaiterait des mesures pérennes", explique Stanislas Gaudon. "Lorsque l'état d'urgence s'arrêtera, nous policiers continuerons à travailler sur le terrain. C'est pour cela qu'il faut nous donner des outils juridiques et administratifs". Et de prendre à témoin les nombreuses saisies d'armes (334 au 2 décembre) ou de drogue (165) effectuées lors de perquisition rendues possibles par l'état d'urgence.
Il juge donc que les policiers devraient bénéficier de plus de moyens juridiques à long terme, qui ne seraient pas nécessairement limités aux seules enquêtes estampillées "terrorisme". Stanislas Gaudon invoque notamment "la porosité entre le terrorisme, la délinquance financière, le trafic de stupéfiants et le trafic d'armes. Quatre domaines majeurs qui parfois s'imbriquent les unes dans les autres".
Parmi les mesures souhaitées: une réforme de la légitime défense des policiers, encadrée à l'heure actuelle par les même règles que celle des particuliers. "il faut pratiquement que le policier se fasse tirer dessus pour qu'il puisse riposter", explique Stanislas Gaudon."Le policier, on dit toujours qu'il est en manque d'effectifs de matériel, mais à Alliance nous avons toujours dit qu'il était aussi en manque de moyens juridique", ajoute-t-il.
Ce qui n'empêche pas l'équipement d'être encore un problème: "le matériel promis après Charlie Hebdo arrive au compte-goutte. Les primo-intervenants (premiers sur les lieux, NDLR) arrivent parfois avec des gilets pare-balles qui tiennent avec une épingle à nourrice. Il faut un véritable plan Marshall de la Police nationale accompagné d'un plan pluriannuel".
Quant aux effectifs, le syndicat accueille positivement les annonces gouvernementales de 9.000 recrutements sur deux ans, "mais le délai entre recrutement, formation et apprentissage va nous amener à deux ou trois ans pour avoir des effectifs opérationnels", tempère Stanislas Gaudon.
Et sur la formation continue "il y a beaucoup à dire". "Un policier national n'a que 12 heures de formation sur toute l'année aux techniques de tir et à l'armement. C'est complètement inadapté à la situation" alors que policiers et gendarmes sont "des cibles privilégiées" pour Daech."Nous sommes toujours à flux tendu. (...) La lutte contre le terrorisme s'est ajoutée à la charge de travail des policiers".
Autre attente "très forte" qui demeure, celle d'une réponse pénale plus adaptée. "Parfois nos collègues prennent des risques et l'encre de la procédure n'est pas encore sèche que la personne est libérée, 80.000 peines non exécutées par an, ce n'est pas possible".
Une demande qui va échoir au nouveau ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas, réputé plus en phase avec la politique sécuritaire de Manuel Valls que sa prédécesseur, Christiane Taubira. Mais Stanislas Gaudon reste prudent: "on juge des actes (...) on ne peut pas aujourd'hui faire des pronostics sur des personnes".
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