Fusillade à Bruxelles en 2016 : Abdeslam condamné à 20 ans de prison

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Par Matthieu DEMEESTERE, Clément ZAMPA - Bruxelles (AFP)
Publié le 23 avril 2018 - 13:29
Mis à jour le 24 avril 2018 - 00:16
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Salah Abdeslam (au centre, assis, le visage flouté) lors de sa comparution devant le tribunal de Bruxelles le 5 février 2018.
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© Emmanuel DUNAND / AFP/Archives
Le jihadiste français Salah Abdeslam et son complice tunisien Sofiane Ayari ont été condamnés lundi à Bruxelles à 20 ans de prison.
© Emmanuel DUNAND / AFP/Archives

Le jihadiste français Salah Abdeslam et son complice tunisien Sofiane Ayari ont été condamnés lundi à Bruxelles à 20 ans de prison pour leur participation à une fusillade avec des policiers, trois jours avant leur interpellation en mars 2016 dans la capitale belge.

C'est la première fois qu'un tribunal statuait sur le sort d'Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos jihadistes ayant attaqué Paris le 13 novembre 2015 (130 morts) et qui était avant son arrestation à Bruxelles, le 18 mars 2016, l'homme le plus recherché d'Europe.

Le jugement a été rendu en l'absence des deux prévenus. Salah Abdeslam, 28 ans, et Sofiane Ayari, 24 ans, n'ont pas souhaité être extraits de prison lundi matin, le premier en France, le second en Belgique. Déjà lors du procès en février, aucun d'eux n'avait voulu s'expliquer sur les faits. Abdeslam avait refusé de comparaître au-delà du premier jour.

Conformément aux réquisitions du parquet fédéral, ils ont été reconnus coupables de tentatives d'assassinat à caractère terroriste par le tribunal de Bruxelles, qui a insisté sur leur détermination à user d'"armes de guerre" contre des policiers qui venaient de débusquer leur cache, le 15 mars 2016 dans la commune bruxelloise de Forest.

"Le contexte était celui des attentats de Paris", a relevé le jugement, l'enquête avait abouti ce jour-là sur "un logement conspiratif" du groupe jihadiste à l'origine de ces attaques, et les membres présents étaient "armés, portant des gilets pare-balles".

"Leur ancrage dans le radicalisme ne fait aucun doute", est-il souligné dans le jugement.

La présidente Marie-France Keutgen a lu des lettres d'Abdeslam destinées à sa famille, retrouvées à Forest, dans lesquelles il se dépeignait en "combattant" de l'islam. "Allah nous impose le combat lorsque les musulmans sont humiliés", écrivait ce fils d'émigrés marocains.

-Perquisition de routine-

Le 15 mars 2016, c'est lors d'une perquisition de routine dans un logement supposé vide --dans le cadre de l'enquête sur le 13 novembre--, que des policiers belges et français avaient été visés par des tirs d'armes automatiques au 60 rue du Dries à Forest.

Quatre d'entre eux avaient été blessés, et un jihadiste algérien de 35 ans tué fusil en mains en couvrant la fuite d'Ayari et d'Abdeslam.

Ce raid policier avait précipité la fin des quatre mois de cavale du jihadiste français. Abdeslam avait été arrêté le 18 mars avec Ayari à Molenbeek, autre commune de Bruxelles où il a grandi et était connu comme petit délinquant avant de se radicaliser autour de ses 25 ans.

Son avocat Sven Mary doit désormais lui donner connaissance du jugement avant de décider d'un éventuel appel. "Je ne suis convaincu de rien dans ce jugement", a-t-il commenté à l'issue de l'audience.

Il a estimé que la France, où le suspect clé du 13 novembre encourt la réclusion à perpétuité, restait "prioritaire" pour la détention d'Abdeslam.

L'exécution des vingt ans de prison infligés par la justice belge ne commencera "pas avant que le jugement soit définitif", a indiqué à l'AFP une source proche du dossier. Les prévenus disposent d'un mois pour faire appel.

- "Dangerosité intacte" -

Au procès, accusation et parties civiles avaient insisté sur le contexte de la fusillade, survenue dans une des multiples planques belges de la cellule jihadiste à l'origine des attaques du 13 novembre. Un groupe dont d'autres membres allaient commettre une semaine plus tard, le 22 mars 2016, les attentats-suicides de Bruxelles (32 morts), également revendiqués par l'organisation État islamique (EI).

Lundi, les avocats des policiers blessés ont logiquement salué un jugement "extrêmement bien motivé", retenant comme souhaité ce contexte "terroriste".

Parmi les policiers blessés, un membre des unités spéciales, touché à la tête, n'a jamais pu reprendre le travail en raison des lésions cérébrales dont il souffre. Il a subi "un tir potentiellement létal", a fustigé Mme Keutgen lundi, qui y a vu une preuve que les tireurs, à la "dangerosité intacte", avaient bien l'intention de tuer.

Le tribunal a octroyé aux parties civiles des dommages et intérêts pour un total d'environ 500.000 euros. Il a convoqué une nouvelle audience le 13 décembre pour contrôler les expertises qui devront affiner ces montants.

Enfin le jugement n'a pas assorti à la peine de 20 ans la période de sûreté des deux tiers (13 ans) que réclamait le parquet. La loi qui a instauré cette mesure n'était pas en vigueur en 2016, au moment des faits jugés, a justifié le tribunal.

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