Jungle de Calais : le bidonville n'abriterait plus que 1.000 personnes selon la préfecture
"On estime à 1.000 le nombre de personnes encore présentes sur le camp de la Lande et qui vont partir", a affirmé ce mercredi 26 la préfète Fabienne Buccio à l'AFP à son arrivée à l'entrée du camp, aussi appelé "Jungle". "Je suis optimiste" sur le démantèlement total du campement, prévu pour durer une semaine.
Le chiffre suggère une progression très rapide des évacuations car 6.400 migrants, selon la préfecture, 8.100 selon des associations, y étaient installés avant le début du démantèlement lundi matin. Mardi soir, plus de 4.000 migrants avaient été "mis à l'abri", selon le gouvernement.
Dans la "Jungle" présentant le visage d'une zone sinistrée, cinq petites pelleteuses et une plus grosse ramassaient dans la matinée les débris de cabanes laissées vides que leur apportaient des employés, sous le regard de quelques migrants à l'air désemparé.
Un peu plus loin, les équipes de maraudeurs de la préfecture entraient dans des cabanes pour convaincre les migrants de se joindre aux files déjà fournies, mercredi matin, des candidats au départ en Centre d'accueil et d'orientation (CAO).
Plus loin, quelques dizaines de femmes, originaires de la Corne de l'Afrique, défilaient avec enfants et adolescents, en demandant "Où sont les droits de l'Homme". L'association Care 4 Calais assurait elle-même des maraudes: "Il faut partir, la police est juste à côté en train de démolir, prenez vite vos affaires", disaient-ils notamment aux migrants.
Devant le centre de transit, plusieurs centaines de migrants ont pris place dans les files. Celle dédiée aux mineurs était particulièrement longue. "Ma tente a brûlé dans la nuit, je suis venu ici dès 04H00", a témoigné Siddik dans la file des mineurs, enveloppé avec deux amis dans une large couverture, comme beaucoup dans ce froid glacial.
Après l'ouverture du centre à 08H00, les premiers refoulés ont émergé des barrières. Mokaissi, une jeune Soudanaise de 16 ans, et son cousin Abdoul viennent de se faire rejeter de cette file. "On nous a dit de prendre le bus pour faire une demande dans un centre. Mais quel bus? Quel centre? Où est ce qu'il faut aller?", s'exclament-ils, désarçonnés car incapables de prouver leur âge, avant de repartir vers la "Jungle".
Au sein du camp circulaient des migrants emmitouflés dans des couvertures, sac à la main, pour partir vers les autocars. Certains semblaient jetés sur les chemins par les incendies de la nuit. En effet, plusieurs feux ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi dans la "Jungle", faisant un blessé léger aux tympans et provoquant l'évacuation de 150 à 200 migrants mais sans déclencher de panique.
Ces incendies sont une "tradition, notamment pour certaines communautés qui mettent le feu à leur habitation au moment de la quitter", ce qui "prouve aussi que les migrants s'en vont", a affirmé Mme Buccio. Le même phénomène avait été constaté en mars lors du démantèlement de la zone sud. L'adjoint au maire de Calais chargé de la sécurité, Philippe Mignonnet, a parlé pour sa part de "départs de feux malveillants".
Allumés dès le début de soirée mardi, les incendies se sont "intensifiés entre 00H30 et 03H00, notamment dans la +zone des commerces+" à l'entrée du camp, selon la préfecture. Au moins deux bonbonnes de gaz ont ensuite explosé. Lors de leurs interventions, les pompiers, accompagnés de CRS, ont "été caillassés", a expliqué à l'AFP un soldat du feu. Les associations, redoutant "qu'un drame ne se produise", avaient distribué plusieurs dizaines d'extincteurs à des migrants.
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