La mère d'une victime de Merah ouvre un centre contre la radicalisation
"Écouter les jeunes, aider les parents, prévenir": Latifa Ibn Ziaten, mère du premier soldat tué par Mohamed Merah en 2012, a livré mardi 16 février ses clés pour lutter contre la radicalisation, lors de l'ouverture de son premier centre d'accueil sur le sujet à Garges-les-Gonesse (Val-d'Oise). "Le but est avant tout de créer du lien, de ne pas laisser ces jeunes à l'abandon", estimait Latifa Ibn Ziaten à l'inauguration de sa "Maison Imad pour la jeunesse et les parents", qui ouvrira effectivement ses portes aux familles jeudi 18. Imad, comme le nom de son fils tué le 11 mars 2012 à Toulouse.
Peu après le drame qu'elle venait de vivre, la mère de famille de 55 ans partait dans le sud à la rencontre des jeunes de la cité où a grandi Mohamed Merah. Elle se souvient: "Ils étaient la raison de ma souffrance et pourtant je leur ai tendu la main car ils souffraient aussi". Et d'évoquer les signes d'une radicalisation en cours: un trouble notable chez l'enfant, son regard qui se fait fuyant, la perte du dialogue... "Beaucoup de mères sont perdues et me disent qu'elles n'ont pas vu leurs fils basculer, tomber", poursuit-elle. "Il faut agir avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'ils ne partent, mais avec du coeur de la diplomatie, sans étouffer l'enfant".
"C'est bien qu'il y ait un lieu comme ça qui se crée pour nous", estime quant à lui Yassine, 19 ans, qui souhaite s'investir en tant que bénévole. "Trop de garçons restent devant l'ordinateur chez eux, se radicalisent de la sorte, là ils vont pouvoir sortir et trouver une seconde maison". La "Maison Imad", lieu d'accueil souhaité depuis longtemps par Latifa Ibn Ziaten, avec trois pièces et une cuisine, a été installée par la mairie en deux mois seulement, dans un bâtiment également utilisé par la mission locale de la ville. "La nécessité de ce centre ne nous faisait aucun doute, d'autant plus après les attentats du 13 novembre à Paris", a indiqué le maire (Divers droite) de Garges, Maurice Lefèvre.
Le lieu sera ouvert tous les jours de la semaine et se dotera, en plus des deux éducateurs, d'un psychologue et d'un avocat, "ayant tous une connaissance du sujet et du terrain", explique Mme. Ibn Ziaten. "Je viendrai moi-même trois fois par semaine", assure la Rouennaise qui voyage désormais partout en Europe pour son association "Imad Ibn Ziaten pour la jeunesse et pour la paix" et qui espère ouvrir une deuxième "Maison Imad" prochainement au Maroc." "Un numéro vert à appeler en cas de radicalisation, cela ne suffit pas", dit-elle encore, faisant allusion à la plateforme antidjihad du gouvernement. "Il faut que ces jeunes aient des gens à qui parler en face d'eux".
Mohamed Merah avait tué au nom du djihad trois militaires, dont deux musulmans, le 11 mars 2012 à Toulouse, puis à Montauban le 15, avant d'attaquer une école juive le 19 mars, tuant trois enfants et un enseignant. Le 22 mars, le "tueur au scooter" avait été tué par le Raid lors de l'assaut contre son appartement. Son frère et complice présumé, Abdelkader Merah, est toujours incarcéré.
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