L'avocat d'Abdeslam Sven Mary veut attaquer le procureur François Molins
Le décor est planté: il ne lâchera rien. Sven Mary, l'avocat de Salah Abdeslam, a annoncé ce dimanche 20 à la RTBF, la télé publique belge, son intention de porter plainte contre le procureur de Paris François Molins. Le motif? "Violation du secret de l'instruction".
"La lecture d'une partie de (l)a conférence de presse (de François Molins samedi 19, NDLR) est une violation. C'est une faute et je ne peux pas la laisser passer", a ainsi annoncé l'avocat à la réputation sulfureuse (il est surnommé "l'avocat des crapules" outre-Quiévrain). Puis d'ajouter, cité par le quotidien belge néerlandophone De Standaard: "il a violé le secret de l'enquête. Jusqu'à présent, personne n'avait donné de détails sur l'enquête, seulement sur l'état médical de mon client et sur le déroulement de la procédure à venir".
Dans le viseur de maître Mary, les détails donnés par Salah Abdeslam sur son rôle dans les attentats qui ont fait 130 morts à Paris le 13 novembre dernier. Et notamment le fait que le procureur ait révélé en conférence de presse que son client "voulait se faire exploser au Stade de France" mais aurait finalement fait "machine arrière". Une information qui avait déjà fuité dans plusieurs médias français dès le milieu de la journée de samedi.
Voilà la "violation du secret de l'instruction" qu'entend porter devant la justice maître Mary. Peut-être en vain puisque le code de procédure pénal français stipule que "afin d'éviter la propagation d'informations parcellaires ou inexactes ou pour mettre fin à un trouble à l'ordre public, le procureur de la République peut, d'office et à la demande de la juridiction d'instruction ou des parties, rendre publics des éléments objectifs tirés de la procédure ne comportant aucune appréciation sur le bien-fondé des charges retenues contre les personnes mises en cause" (art. 11).
Une sortie quoi qu'il en soit révélatrice de l'état d'esprit de l'avocat du terroriste du 13 novembre inculpé pour "meurtres terroristes" en Belgique. Coopérant d'un côté avec la justice belge (son client aurait notamment reconnu sa présence à Paris le soir des attaques) Sven Mary semble à l'inverse déterminé à aller au bras de fer avec la France, comme le prouve l'annonce du refus de l'extradition son client. Un détail de procédure qui ne remet pas en cause le futur transfert d'Abdeslam aux autorités françaises, mais qui pourrait lui faire gagner entre deux et trois mois de répit pour préparer sa défense.
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