Le prof affirmant avoir été tasé, frappé, insulté et menacé de viol par des policiers veut porter plainte
"On va te tuer, tu es mort", ou encore "je vais te violer". Ces mots auraient été prononcés par des policiers lors d'un contrôle d'identité, affirme la victime présumée Guillaume Vadot (son témoignage, censuré depuis par Facebook, à lire ici), enseignant-chercheur à la Sorbonne âgé de 28 ans. Lors d'une conférence de presse organisée lundi 26 suite à son témoignage anonyme diffusé sur Facebook par un collègue en fin de semaine dernière, et relayé depuis par de très nombreux internautes, le jeune homme a annoncé vouloir déposer une plainte.
Retour sur les faits. Selon le témoignage de Guillaume Vadot, il était aux alentours de 20h, jeudi 22, lorsqu'il rentrait chez lui après une réunion de travail. Au tourniquet du RER D à Saint-Denis, il a alors remarqué la présence de nombreux policiers ("une trentaine") ainsi qu'une "femme noire d'une cinquantaine d'années qui hurle" de douleur car menottée selon lui trop serré. Un début d'attroupement aurait également commencé à se former autour de la scène, et la tension aurait été vive.
Militant au NPA, l'enseignant dit alors avoir dégainé son smartphone pour filmer la scène afin dit-il de "faire baisser le niveau d'impunité" des policiers, par peur d'un "dérapage". C'est alors qu'un agent l'aurait saisi, prétextant un contrôle d'identité, et aurait "arraché (son) téléphone".
"Tout s’accélère" alors. "Dès qu’ils ont réussi à me tirer de leur côté du cordon formé par leurs collègues, ils se mettent à deux sur moi, chacun me faisant une clé à l’un des bras. Une douleur énorme me traverse les articulations", selon le témoignage décrivant des policiers "crânes rasés, les yeux brillants", "surexcités" et qui "se lâchent": "on va te tuer, tu es mort, on va te défoncer, je te crève là sur place dans dix minutes", lui aurait dit l'un d'eux, puis "tu soutiens Daech c’est ça? Quand ils vont venir tu feras quoi? Tu vas les sucer?".
Entre les coups, notamment de matraque électrique, et ce qui est présenté comme des "attouchements" ("il remet sa main sur mes fesses"), les menaces se seraient intensifiées. "On va te violer, ça te plaît ça? Je vais te violer et on va voir si après tu filmeras la police", "regarde-moi, sale pédé. Sale pute. Tu habites là-bas hein? (il montre mon immeuble). Je vais venir chez toi, je vais mettre une cagoule et je vais te violer", "si tu bouges, on t’ouvre le crâne", "on va venir à la Sorbonne, on va vous exterminer toi et tes collègues, sale gauchiste"...
Une version qu'aucun autre témoignage n'est venu corroborer pour l'heure, ce mardi 27 au matin. Pour autant, Guillaume Vadot a réaffirmé sa version des faits lors de la conférence de presse de lundi soir retransmise via l'application Periscope. "Ils m’ont accusé d’être allié de Daech. Les menaces de viol étaient accompagnées d’attouchements (...) les insultes homophobes étaient une volonté de domination de la part des policiers", a-t-il déclaré selon le site révolutionpermanente (dont l'enseignant est membre du comité de rédaction, NDLR) qui rapporte ses propos. Son avocat, présent a ses côtés, a annoncé qu'une plainte doit être déposée pour "violences, menaces de mort, de viol, attouchements et abus d’autorité". Il a également dénoncé la volonté des policiers de "détruire les preuves", en essayant d'effacer la vidéo du portable saisi au jeune homme. Le site Arrêt sur image précise enfin que Guillaume Vadot envisage aussi de saisir le Défenseur des droits.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.