Le "tueur de la gare de Perpignan" condamné à la perpétuité assortie de 22 ans

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Par Rémy ZAKA - Perpignan (AFP)
Publié le 26 mars 2018 - 07:04
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Jacques Rançon (au centre), alias "le tueur de Perpignan", au dernier jour de son procès devant la cour d'assises des Pyrénées-orientales
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© RAYMOND ROIG / AFP
Jacques Rançon (au centre), alias "le tueur de Perpignan", au dernier jour de son procès devant la cour d'assises des Pyrénées-orientales
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Jacques Rançon alias "le tueur de la gare de Perpignan" a été condamné lundi à la peine maximale, la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans, au terme de trois semaines de procès très éprouvantes, souvent au-delà du supportable.

Veste grise et chemise claire, Jacques Rançon n'a pas réagi au verdict prononcé après six heures de délibérations devant la cour d'Assises des Pyrénées-orientales.

Visage impassible, le condamné est ensuite sorti du box sans un regard pour les familles des victimes après avoir été reconnu coupable du viol et du meurtre de deux jeunes femmes, Moktaria Chaïb, 19 ans, et Marie-Hélène Gonzalez, 22 ans, ainsi que d'une tentative de meurtre et d'une tentative de viol. Des crimes commis entre 1997 et 1998.

"J'attendais ça depuis 20 ans. Je pense que c'est une bonne justice car il ne pourra plus recommencer", a commenté l'avocat des parties civiles, Étienne Nicolau, ému.

Les familles des victimes éprouvées ont soufflé à l'énoncé de la sentence. "Bien-sûr, ça soulage. C'est pour moi, mes proches, pour ceux qui sont partis et pour elle si elle m'entend là-haut", a confié Mohammed Chaïb, le frère de Moktaria.

"Moi, je repars libre et plus léger vers de beaux horizons", a-t-il ajouté, félicitant au passage le travail des enquêteurs qui sont parvenus à clore l'enquête après 17 ans d'investigations.

Trois semaines d'audience n'ont pas permis d'éclaircir les raisons des meurtres et des atroces mutilations sur les deux victimes de Jacques Rançon contre lequel l'avocat général Luc-André Lenormand avait requis jeudi cette peine maximale, la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans.

- Rançon insondable -

"Jacques Rançon n'a plus rien à faire dans cette société, où le droit à la vie est un droit inaliénable", avait-il déclaré.

A l'heure du verdict, comme pendant les trois semaines de procès, cet ancien cariste-magasinier de 58 ans, à l'enfance miséreuse en Picardie, passée sans aucun ami dans la vieille maison en bois où il partagea la chambre de ses parents jusqu'à ses 18 ans, est resté insondable. Il a gardé les yeux vissés au sol, réfugié derrière ses trous de mémoire, feints ou réels.

Aux yeux de M. Lenormand, Rançon a "une dimension sadique" qui passe à l'acte parce qu'il "ne supporte pas le refus, "n'a pas de compassion pour l'autre" et veut montrer "sa toute puissance en emportant les organes" sexuels et les autres, allusion au meurtre de Marie-Hélène, une auto-stoppeuse de 22 ans. La tête et les mains de la jeune femme avaient été retrouvées à 20 km de la scène du crime des mois plus tard.

Mais pour la défense qui a réfuté la thèse du "pervers sadique", "ce n'est pas un monstre" mais "un homme, un père de famille, un homme qui nous a émus qui devait être jugé".

"Vous l'avez regardé, écouté durant trois semaines. Nous l'avions imaginé pendant 20 ans. Je suis convaincu qu'il ne ressemble pas à ce que vous aviez imaginé", à "cet ange de la mort qui avait déposé son trône au centre de Perpignan" et "y régnait comme une bête hideuse", a affirmé Me Gérald Brivet-Galaup aux jurés.

Et l'avocat de déplorer qu'évidemment les jurés, qui ont "vu et entendu beaucoup de choses" ne vont pas pouvoir se détacher de "sa cruauté" qui "le rend étranger à notre intelligence" avec des "mutilations qui dépassent l'entendement".

Dans son réquisitoire, l'avocat général avait reconnu qu'il restait des "mystères sur Rançon". La police et les juges ont cherché à savoir s'il n'avait pas commis d'autres crimes. Mais ils n'ont pu l'incriminer. Seulement M. Lenormand est resté sceptique. Il s'est interrogé en particulier sur le meurtre en 1982 d'une étudiante auto-stoppeuse finlandaise.

"Vous devez le juger uniquement pour les crimes qu'il a commis et qu'il assume et non pas pour ceux dont on le suspecte", ont répondu ses avocats, qui après le verdict espéraient que Rançon allait "s'approprier la part d'humanité qu'ils "avaient essayer de faire sortir".

"La justice a été rendue, nous acceptons cette décision", a assuré Me Brivet-Galaup.

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