L'inquiétante tendance du "stealthing", le fait de retirer le préservatif pendant l'acte sans l'accord du partenaire
C'est une tendance dangereuse et à propos de laquelle certaines féministes tirent la sonnette d'alarme. Et qui porte maintenant un nom, le "stealthing": le fait pour un homme de retirer volontairement le préservatif pendant un acte sexuel, le tout sans le faire savoir et surtout dans demander l'avis de son/sa partenaire. Une pratique qui, évidemment, annule les effets protecteurs du condom contre les maladies sexuellement transmissibles ou les grossesses non désirées.
C'est une juriste américaine, Alexandra Brodsky, qui s'est intéressée au phénomène et a publié ses conclusions dans le Columbia Journal of Gender and Law, expliquant que ce type de comportement déroute les personnes qui en sont victimes. Elles ne savent pas si elles doivent considérer le geste comme un viol, ni même comme une agression, alors que le non-respect de leur consentement est flagrant.
L'auteur explique que la plupart des hommes pratiquant le "stealthing" estiment qu'ils ont une forme de "droit masculin naturel" à ôter un préservatif, et elle affirme qu'il existerait sur le web des forums de discussion où des hommes s'échangent leurs "techniques" pour imposer l'absence de protection au beau milieu d'un rapport sexuel.
Si la pratique peut sembler marginale (aucun chiffre n'est toutefois disponible), la question juridique se pose. En Suisse, le tribunal correctionnel de Lausanne a rendu un jugement en janvier 2017, condamnant à douze mois de prison avec sursis un homme de 47 ans qui avait pratiqué le "stealthing" avec une personne rencontrée sur l'application Tinder. La qualification retenue a été le viol.
En France, aucune jurisprudence n'a encore tranché la question. Interrogée par le quotidien Libération, une avocate résume cependant la difficulté d'affirmer avec certitude que le "stealthing" est un viol: "Cela peut se plaider, car juridiquement, on considère que la relation sexuelle se fait à certaines conditions: il faut que la personne ait clairement manifesté que +si on n’est pas protégé, je ne veux pas+. La défense peut arguer que dans le feu de l’action, tout est possible". Le juge tranchera.
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