Marseille : un policier devant la justice pour avoir tué un homme au Flash-ball en 2010
Il s'agit de la première, et pour l'heure la seule avérée, bavure due à l'utilisation du Flash-ball par un policier. Ce vendredi 27, s'est ouvert, devant le tribunal correctionnel de Marseille, le procès du gardien de la paix Xavier Crubezy, pour homicide involontaire.
Les faits remontent au 12 décembre 2010. Le policier est appelé à intervenir au sein d’un foyer de travailleurs des quartiers Nord. Mustapha Ziani, résident de cette structure, vient de blesser un voisin à coups de couteau. L’Algérien de 43 ans, qui souffre de troubles du comportement, s’est retranché dans sa chambre. Les forces de l'ordre ont tenté de le raisonner et de le forcer à se rendre, en vain.
Le forcené a alors jeté une tasse au visage de Xavier Crubezy qui, craignant l'escalade, lui tire dessus avec son Flash-ball. Mustapha Ziani, touché au thorax, s'effondre. Victime d’un arrêt cardiaque peu de temps après avoir reçu cette balle à une très grande vitesse, il décède le lendemain, conséquence "directe et exclusive" du choc thoracique selon les médecins.
L'enquête qui va suivre révélera que ce soir-là, lorsqu'il a ouvert le feu, Xavier Crubezy se trouvait à moins de cinq mètres de Mustapha Ziani alors que la distance minimale pour utiliser le Flash-ball sans dommage irréversible est de sept mètres.
"Je veux garder la tête haute, et prouver que même s’il n’est plus parmi nous, je suis toujours là pour mon père, et je veux lui rendre justice", a confié la fille de la victime, Nabila Ziani. Et d'ajouter: "ce qui s’est passé est grave, il faudrait enlever cette arme aux policiers. Cette arme qui fait qu’aujourd’hui, à 24 ans, et depuis l’âge de 17 ans, je dois me construire sans mon père".
De son côté, l'avocate de Xavier Crubezy a expliqué que son "client n’a jamais eu l’intention de tuer ce pauvre homme. S’il avait voulu le tuer, il aurait fait usage de son arme à feu! C’était pour lui, compte tenu des circonstances, la seule alternative pour neutraliser cet individu qui représentait, à ce moment-là, une menace imminente".
Lors d’un premier procès, en novembre 2014, le président du tribunal correctionnel de Marseille avait renvoyé la procédure à la cour d’assises d’Aix-en-Provence, excluant l’homicide volontaire.
Le 16 décembre 2016, trois autres policiers avient été condamnés à Bobigny à des peines de 7 à 15 mois avec sursis pour avoir blessé au Flash-Ball quatre manifestants, dont l'un avait perdu un œil.
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