Migrants : la ville de Paris veut empêcher la formation de nouveaux campements sauvages
Démanteler les campements dès leur reconstitution: à Paris, où les évacuations de migrants ont atteint des niveaux record, la police multiplie depuis quelques jours les interventions précoces, suscitant la colère des collectifs d'aide aux exilés.
Dispersion jeudi avenue de Flandres, dans le 19e arrondissement, évacuation d'une soixantaine de personnes mercredi boulevard de la Villette... Mardi, 250 personnes avaient fait l'objet d'un "contrôle de leur situation administrative", avec à la clé une proposition d'hébergement pour une vingtaine d'entre eux - mais pour les autres la mise en branle d'une procédure d'éloignement.
Et "ces opérations seront renouvelées si nécessaire pour éviter la reconstitution de campements non autorisés", a indiqué la préfecture de police à l'AFP. Elles n'ont aucun lien avec l'interpellation vendredi d'un Afghan signalé pour une possible menace d'attentat, a-t-on précisé de source policière.
Ce quartier à la frontière des 18e et 19e arrondissements connaît, depuis un peu plus d'un an, une transhumance des campements aux conditions indignes.
Alimentés par des flux toujours soutenus, ces campements grossissent très vite. Celui démantelé le 22 juillet boulevard de la Villette a entraîné l'évacuation de 2.600 migrants, lors d'une opération associant la préfecture de région, la ville, la police et les associations.
Un chiffre dopé, expliquent les pouvoirs publics, par l'arrivée en dernière minute d'un millier de personnes pour lesquelles il a fallu trouver un hébergement, la préfecture de région et la ville se donnant pour objectif de "ne laisser personne sur le carreau" - une affirmation contestée par certains bénévoles.
Depuis un an, le système est très sollicité: 15.000 offres d'hébergement ont été faites par la préfecture, les réquisitions de gymnases se multiplient, et certains maires de banlieue ne cachent pas leur mécontentement.
"La priorité aujourd'hui, quand une place d'hébergement se libère, est de vider ces gymnases", explique la préfète de Paris Sophie Brocas, qui souligne que "ces campements ne sont bien ni pour les migrants, ni pour le voisinage, ni pour nous qui devons mener des efforts énormes pour mobiliser des centaine de places".
Empêcher leur répétition reste toutefois compliqué.
Depuis un an, une partie des démantèlements a été suivie par l'installation de barrières qui interdisent aujourd'hui l'accès à une partie du terre-plein situé sous le métro aérien entre La Chapelle et Stalingrad.
Côté forces de l'ordre, après l'opération du 22 juillet, des interventions "régulières" ont été mises en oeuvre pour "préserver la salubrité et l'ordre public" et "éviter la réimplantation de nouveaux campements".
Mais du côté des bénévoles et des migrants, on dénonce un "harcèlement".
"On n'est pas là pour se battre avec la police", expliquait mardi Hassan, un Soudanais revenu sur place après l'évacuation de dimanche. "Je n'ai pas d'autre endroit où aller."
"C'est une mise en scène pour les humilier. Beaucoup ont déjà une OQTF", une obligation de quitter le territoire, regrettait pour sa part Manon, membre d'un collectif de soutien aux exilés, en marge de l'opération menée jeudi.
Les bénévoles dénoncent aussi les méthodes de ces évacuations. Celle de dimanche soir a, selon eux, fait cinq blessés - bilan que conteste la police en parlant de "trois blessés légers" et de forces de l'ordre "prises à partie".
En filigrane, c'est la question de l'accueil des migrants qui se pose, alors que la mairie de Paris va ouvrir à la fin de l'été un camp humanitaire dans le nord de la capitale, pour répondre à la constitution de ces campements indignes, et orienter les migrants vers un hébergement adapté à leur situation.
D'ici là, "on va rester dans une situation difficile", estime-t-on à la mairie.
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