Retour de familles de djihadistes : Molins appelle à "se départir de toute naïveté"

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Par AFP
Publié le 10 novembre 2017 - 11:40
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Le procureur de Paris François Molins le 22 juin 2017
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© Thomas SAMSON / AFP/Archives
Le procureur de Paris François Molins le 22 juin 2017
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Le parquet antiterroriste a appelé vendredi à la prudence à propos du retour en France des femmes et enfants de jihadistes en Irak et Syrie, invitant à ne pas céder à la "naïveté" et souscrivant au principe du "cas par cas" de l'Elysée.

Selon les services de renseignement, "quelques dizaines" d'adultes français, combattants jihadistes ou leurs épouses capturés au fil de la débâcle territoriale du groupe Etat Islamique (EI), sont dans des camps ou en prison en Irak et Syrie.

La plupart seraient des femmes - une grande partie des combattants (hommes) de l'EI qui n'ont pu fuir ayant été tués - accompagnées des nombreux enfants qu'elles ont amenés avec elles depuis la France ou eus de jihadistes.

Le nombre de Français encore dans la zone reste incertain: on y dénombrait au début de l'année près de 700 adultes, dont 300 femmes, et 400 enfants. Depuis, des milliers de combattants et civils ont été tués dans les combats et d'autres ont pu fuir.

Inquiètes pour leur sécurité et la perspective de voir ces femmes "jugées comme des terroristes" en Irak et Syrie ou de voir leurs enfants y devenir à terme "des bombes à retardement" jihadistes, leurs familles appellent Paris à les rapatrier au plus vite.

Mais dans une France toujours marquée par les attentats qui ont fait 241 morts depuis 2015, en partie perpétrés par des "revenants" de Syrie, les autorités se gardent bien de s'engager sur ce sujet très sensible.

Vendredi, le procureur de Paris François Molins a fait assaut de prudence à franceinfo, appelant à "se départir de toute naïveté". En entendant certains "revenants" de Syrie et d'Irak, le chef du parquet antiterroriste a dit n'avoir en général "pas véritablement perçu de regret" chez ces "gens qui sont plus déçus que repentis".

Mercredi, Emmanuel Macron avait indiqué que le sort des femmes et enfants serait examiné au "cas par cas, en fonction des situations". M. Molins a salué cette approche, "pragmatique et pleine de bon sens".

Le gouvernement estime que les jihadistes français prisonniers en Irak doivent être jugés dans ce pays, où ils encourent la peine de mort. Il est plus flou sur la Syrie, plus morcelée et où se trouvaient jusqu'à cette année, selon des sources concordantes, la plupart des femmes et enfants français de jihadistes de l'EI.

- "Courage politique" -

Selon la ministre des Armées, Florence Parly, l'examen au "cas par cas" concernera notamment les enfants, souvent très jeunes car nés à partir de 2014, et donc jugés plus facilement éloignables des principes jihadistes.

Mme Parly avait estimé le mois dernier qu'il fallait "neutraliser un maximum" de jihadistes et que s'ils "périssent dans ces combats, c'est tant mieux". Ces déclarations ont renforcé la conviction des familles que la France ne compte rien faire pour faciliter les retours.

Vendredi dans le Parisien, une Française de 52 ans qui réclame le retour de sa fille et de ses trois petits-enfants de 3, 5 et 8 ans a déclaré avoir conseillé à sa fille "d'accrocher un panneau au cou des enfants avec leur nom et leur nationalité" pour les identifier "au cas où elle serait tuée, ou s'ils étaient séparés".

"Le courage politique, c'est de ne pas coller à une partie de l'opinion publique qui considère qu'ils doivent mourir sur place", a déclaré vendredi à l'AFP Me William Bourdon, qui représente plusieurs de ces familles et estime que "toutes les mères qui le veulent" doivent pouvoir rentrer avec leurs enfants en France et y être jugées.

Les mères car la France a le devoir de les préserver des menaces de "peine de mort", "exécutions extra-judiciaires" ou "torture" qui pèsent sur elles.

Les enfants car "l'Etat français a le devoir de porter secours à des mineurs en danger", selon Me Bourdon.

A leur retour en France, les mineurs de 13 à 15 ans "ont vocation à être interpellés et soumis à la justice des mineurs", a précisé M. Molins.

Parmi les personnes déjà rentrées en France, 398 sont actuellement mises en examen dont 260 placées en détention provisoire.

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