Salah Abdeslam : fin de cavale pour "l'ennemi public numéro un"
C'est une traque de quatre mois qui a pris fin ce vendredi là où elle avait commencé. Surnommé "l'ennemi public numéro un" dès le surlendemain des attentats qui ont fait 130 morts, Salah Abdeslam a été arrêté dans l'assaut de la police contre une maison de deux étages, rue des Quatre Vents à Molenbeek. Il a été blessé à la jambe dans l'opération de police.
Au total cinq personnes dont Abdeslam ont été arrêtés, a annoncé le Premier ministre belge Charles Michel lors d'une conférence de presse avec le président français François Hollande.
François Hollande a indiqué qu'il s'attendait à ce que la Belgique extrade "le plus rapidement possible" Abdeslam vers la France, rappelant que ce Français d'origine marocaine "était sous le coup d'un mandat d'arrêt européen". Le chef de l'Etat a aussi annoncé la tenue d'un Conseil de défense "dès demain matin (samedi)" à l'Elysée.
"On est satisfait de savoir qu'il a été capturé vivant", a déclaré à Paris Georges Salines, président d'une association de victimes. "On va pouvoir avoir un vrai procès, avec quelqu'un dont il n'est pas douteux qu'il a participé aux attentats", a dit à l'AFP ce médecin, dont la fille a été tuée au Bataclan, comme 89 autres personnes.
Salah Abdeslam, 26 ans, petit délinquant radicalisé qui n'a jamais combattu en Syrie, est soupçonné d'avoir eu au moins un rôle-clé de logisticien dans les attentats du 13 novembre, revendiqués par l'Etat islamique.
Il s'est évaporé dans la nature depuis son exfiltration de Paris par des proches le lendemain des attentats. Aucune certitude sur son parcours après le 14 novembre vers 14 heures, lorsque des complices le déposent à Schaerbeek, autre commune de Bruxelles.
Selon des informations de presse, il y aurait passé trois semaines, caché dans un appartement où les enquêteurs ont retrouvé son empreinte le 10 décembre.
Vendredi, "après les sommations d'usage, l'assaut a été donné par la police", a décrit un élu local de Molenbeek, sous couvert d'anonymat. Un homme "jeune, de petite taille à casquette, s'est enfui (...) Il a été touché par la police et emmené en ambulance", a ajouté l'élu.
La traque de Salah Abdeslam s'est brutalement accélérée mardi après que des policiers ont débusqué, au détour d'une perquisition de routine, trois hommes lourdement armés qui se planquaient dans un appartement sans eau ni électricité de la commune bruxelloise de Forest, mitoyenne de Molenbeek.
Ces hommes ont tiré sans hésiter sur les policiers, à la kalachnikov et au fusil anti-émeutes, blessant légèrement quatre d'entre eux. L'un d'eux sera abattu par un tireur d'élite, mais ses deux complices ont réussi à prendre la fuite et étaient "activement recherchés", selon le parquet. Le parquet fédéral belge a confirmé vendredi que "les empreintes de Salah Abdeslam ont été trouvées dans l'appartement de Forest".
Il est également apparu vendredi que l'homme abattu dans cette opération, l'Algérien Mohamed Belkaïd, était "plus que vraisemblablement", selon le parquet fédéral belge, un homme recherché pour le soutien logistique qu'il a apporté aux auteurs des attentats de Paris sous la fausse identité de Samir Bouzid.
Dans l'appartement, la police avait notamment trouvé un drapeau de l'organisation Etat islamique (EI), onze chargeurs de kalachnikov et de nombreuses munitions.
C'est sous le faux nom de Samir Bouzid que l'homme tué avait notamment transféré 750 euros depuis Bruxelles à Hasna Aïtboulahcen, la cousine d'un des lieutenants des attentats, Abdelhamid Abaaoud. Abaaoud et sa cousine sont morts le 18 novembre lors de l'assaut policier contre leur planque à Saint-Denis, en proche banlieue parisienne.
Le faux Samir Bouzid avait été contrôlé à la frontière austro-hongroise le 9 septembre en compagnie de Salah Abdeslam et d'un certain Soufiane Kayal, qui avait lui aussi présenté une fausse carte d'identité.
Selon la télévision publique flamande VRT, le nom de Mohamed Belkaïd figure sur les listes de combattants de l'EI qui ont fuité la semaine dernière dans la presse et il se serait porté volontaire pour commettre un attentat-suicide.
Une opération d'envergure pour tenter d'appréhender Salah Abdeslam avait été montée à Molenbeek trois jours après les attentats de Paris, mais la police avait fait chou blanc.
C'est dans cette commune bruxelloise à forte population immigrée que plusieurs membres des commandos qui ont semé la mort à Paris ont grandi --comme Abaaoud et les frères Abdeslam, des amis d'enfance-- ou séjourné.
Le frère de Salah, Brahim, fait partie du trio qui a ensanglanté plusieurs terrasses parisiennes le 13 novembre. Il s'était ensuite fait exploser devant une brasserie.
Un autre suspect reste recherché: Mohamed Abrini (30 ans), filmé le 11 novembre dans une station service sur l'autoroute entre Paris et Bruxelles en compagnie de Salah.
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