Salon de l'agriculture : le stand Charal pris pour cible
Des éleveurs bovins ont aspergé avec un extincteur et de la farine le stand de Charal, marque du groupe Bigard numéro-1 de l'abattage en France, pour dénoncer sa politique de prix, ce dimanche 28 au Salon de l'agriculture, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Quand Bigard prend 100 euros il y a en 8 pour le producteur" ont expliqué au public les éleveurs en tee-shirt rouge marqués "Notre métier a un prix", tout en distribuant de faux billets de 100 euros. "Quand vous payez la viande entre 17 et 20 euros le kilos, sachez qu'on nous la paye à nous 2,50 à 3 euros", commentait également au mégaphone Pierre Vaugarny, secrétaire général de la Fédération nationale bovine (FNB), qui appelait à la manifestation avec le soutien de la FNSEA - représentée par son secrétaire général Dominique Barrau.
Pendant ce temps, un groupe d'éleveurs aspergeait derrière lui le stand de Charal avec un extincteur et dispersait une trentaine de kilos de farine. La consigne était d'éviter toute violence après l'accueil houleux réservé la veille au président François Hollande et le démontage du stand du ministère de l'Agriculture.
"Charal regrette les actes de vandalisme subis sur son stand au Salon de l'agriculture", a réagi l'entreprise, dans un communiqué, affirmant "comprend(re) les difficultés des éleveurs bovins qui relèvent des causes structurelles et conjoncturelles pour lesquelles les réponses ne peuvent être que concertées et collectives". "Acteur important de la filière bovine française, Charal s'approvisionne depuis toujours au cœur des bassins d'élevage français. En tant qu'acteur responsable, Charal a apporté et continuera à apporter toute sa contribution pour défendre la filière bovine française", a fait valoir le groupe, rappelant que 100% de ses hachés, pièces de viande et burgers sont français.
Pour Pierre Vaugarny, l'objectif de cette brève manifestation était d'attirer l'attention du public sur la toute-puissance du groupe Bigard, qui totalise la moitié des capacités d'abattage en France et refuse tout dialogue avec la profession. "Même quand le ministre le convoque, M. Bigard refuse de venir s'expliquer", a-t-il déploré. L'été dernier le groupe avait refusé de participer à la fixation d'un prix minimum d'achat aux producteurs de viande, lors des tables rondes organisées au ministère.
Le responsable syndical explique aussi aux visiteurs du Salon le concept de "minerai", ce composé de résidus de viande mêlés de graisse et de collagène utilisé notamment pour les plats préparés, qui ravale la viande et derrière elle, l'animal, à une notion purement industrielle et commerciale de matière première. "Parler de minerai est symbolique de la dérive industrielle qui est derrière", insiste-t-il. "Quelle viande achète le consommateur au juste? Moi je rêve que vous veniez chercher du charolais, ou de la blonde d'Aquitaine".
Depuis l'été dernier les éleveurs bovins confrontés à uns stagnation des cours réclament une revalorisation de leurs produits pour équilibrer leurs coûts de production et désignent les transformateurs et la grande distribution comme les principaux responsables de leur marasme. Le groupe Bigard revendique un chiffre d'affaires annuel de 4,3 milliards d'euros et emploie 14.000 salariés.
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