Second suspect, bracelet électronique, complicités : le point sur l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray
Un tueur connu des services antiterroristes mais libéré sous bracelet électronique, "une piste privilégiée" pour l'identité du second assaillant qui était peut-être recherché par les mêmes services. Au lendemain de l'attaque contre l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray, les enquêteurs cherchent aussi à savoir si les deux hommes ont pu être mandatés depuis la Syrie.
> Le second assaillant était peut-être recherché par l'antiterrorisme
L'identification formelle du second auteur de l'attaque, défiguré lorsque la police l'a abattu, était toujours en cours mercredi soir, mais "une piste est privilégiée": celle d'un jeune homme vraisemblablement recherché depuis quelques jours par les services antiterroristes.
Une carte d'identité au nom d'Abdel Malik P. a été retrouvée mardi 26 lors d'une perquisition au domicile familial d'Adel Kermiche et "plusieurs éléments laissent à penser qu'il s'agit du deuxième assaillant", a précisé une source proche de l'enquête.
Abdel Malik P., 19 ans, originaire de Savoie, n'avait pas fait l'objet de condamnations et la justice ne disposait donc pas de ses empreintes ni de son ADN, ce qui retarde son identification. Toutefois, l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat) a diffusé le 22 juillet une note dans laquelle elle dit avoir reçu une information sur un individu "qui serait prêt à participer à un attentat sur le territoire national", information accompagnée de la photo d'un homme ressemblant "fortement" à Abdel Malik P.
Selon une source proche de l'enquête, plusieurs perquisitions ont été menées dans l'entourage d'Abdel Malik P., notamment chez sa mère à Aix-les-Bains et chez un proche à Montluçon.
> Comment Adel Kermiche a-t-il trompé la justice? -
Kermiche, 19 ans, avait été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire dès mars 2015 pour avoir tenté de rejoindre la Syrie. Après une seconde tentative en mai 2015, il est de nouveau mis en examen et incarcéré. "Il semble qu'il se soit encore davantage radicalisé lors de ce séjour en prison", selon une source proche de l'enquête.
Le 18 mars dernier, une juge antiterroriste décide de libérer et de l'assigner à résidence sous surveillance électronique. Il avait alors assuré à la magistrate regretter ses tentatives de départ. "J'ai envie de reprendre ma vie, de revoir mes amis, de me marier", disait-il.
Le parquet fait appel pour qu'il reste en prison, estimant qu'il faut "éviter toute concertation" entre Kermiche et d'autres protagonistes actuellement en Syrie.
Mais la chambre de l'instruction de la cour d'appel ne suit pas ces recommandations: Kermiche sort de prison, est assigné à résidence chez ses parents, équipé d'un bracelet électronique. Il ne peut quitter son domicile qu'entre 08h30 et 12h30 en semaine, un créneau horaire durant lequel il a perpétré, mardi, avec son complice, la prise d'otages au cours de laquelle le prêtre Jacques Hamel a été égorgé.
> Des complicités?
Le groupe djihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué l'assassinat, présentant les deux assaillants comme ses "soldats". Ont-il été directement mandatés depuis la Syrie ou ont-ils agi par mimétisme, répondant aux nombreux appels au meurtre de l'EI? Ont-ils pu bénéficier de soutiens en France pour préparer leur action? Les assaillants n'avaient sur eux que trois couteaux, un pistolet inopérant et des engins explosifs factices.
Un mineur de 16 ans, né en Algérie et interpellé mardi, était toujours en garde à vue ce mercredi. Son frère fait l'objet d'un mandat d'arrêt pour être parti dans la zone irako-syrienne le 29 mars 2015 avec les papiers d'identité de Kermiche. Le mineur ne semble pas à ce stade avoir de lien avec l'attaque, selon le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
Son frère aurait-il pu jouer un rôle depuis la Syrie? Les investigations ont démontré que "des personnes proches de Kermiche ont tenté de partir dans ce pays ou sont déjà sur zone", selon une source proche de l'enquête.
Plusieurs djihadistes dans le viseur de la justice sont originaires de Normandie, notamment Maxime Hauchard, un converti à l'islam identifié fin 2014 comme l'un des bourreaux de l'EI. Aucun lien n'a été établi à ce stade entre Hauchard et les auteurs de la prise d'otages.
Le matériel informatique et téléphonique saisi au cours des perquisitions est en cours d'exploitation.
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