Une famille rom qui détroussait les touristes à Disneyland en procès
"Voler, c'est tout ce qu'on a appris dans la vie" : au procès d'une famille rom de Roumanie, dont les enfants étaient envoyés détrousser des touristes étrangers, une voleuse repentie a dénoncé mardi le comportement violent du patriarche du clan.
Treize personnes au total sont renvoyées devant le tribunal correctionnel de Meaux (Seine-et-Marne) pour un millier de vols à tire commis entre janvier 2014 et février 2016 aux abords de Disneyland Paris, dans les RER desservant le premier parc d'attraction d'Europe et dans le métro parisien. Et ce pour un préjudice estimé, au bas mot, à un million d'euros.
Parmi les prévenus, dix appartiennent au "clan" Dumitru-Imandita, originaire de la ville roumaine de Craiova, et dirigé d'une main de fer par Marian Tinca (ex-Dumitru), 57 ans, avec la complicité de son ex-femme Maria Iamandita, 51 ans.
Comparaissent également les quatre enfants majeurs du couple et leurs conjoints, dont le rôle consistait à surveiller les agissements de leurs cadets et s'assurer qu'ils restituaient bien l'argent volé.
Agés de 12 à 17 ans, sept mineurs ont été condamnés le 21 juillet par le tribunal pour enfants de Meaux à des peines allant du simple "avertissement solennel" à 30 mois de prison ferme, dont quatre avec sursis.
C'est sur eux, a établi l'enquête de l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) en collaboration avec les autorités roumaines, que reposait l'économie de ce clan qui n'avait pas d'autre source de revenus.
Le produit des vols - entre 1.000 et 2.000 euros par jour, sous forme de devises, bijoux, téléphones, maroquinerie de luxe, tablettes - était utilisé pour les dépenses de la vie courante, mais aussi investi dans des achats immobiliers en Roumanie.
- 'Tais-toi, tu es folle !' -
Au premier jour du procès, Théodora-Cesarella Iamandita, prévenue de 28 ans, assure à la barre avoir "essayé" de décourager ses frères et soeurs de suivre son exemple, elle qui a commencé à faire les poches des gens à l'âge de dix ans, alors qu'elle habitait un campement en Italie.
La présidente objecte qu'elle profitait également des larcins commis par les plus jeunes et notamment sa soeur Valentina, à qui on l'entend passer commande d'un paquet de couches, dans une conversation interceptée par les enquêteurs.
"Voler c'est tout qu'on a appris dans la vie", justifie la jeune femme. "Mais je ne voulais pas que mes frères apprennent à le faire parce que je savais qu'une fois qu'ils commenceraient à voler, ils ne pourraient plus s'arrêter".
"Depuis que je suis en prison, je travaille, je vais à l'école, je suis intégrée. J'ai appris que ça peut-être simple de travailler", poursuit cette mère de famille.
Assis derrière elle dans le box, le patriarche goûte peu ces velléités d'indépendance.
Mais quand elle ose raconter, d'une voix mal assurée, les coups, les menaces, la terreur qu'il faisait régner sur le clan, il explose : "Tais-toi, tu es folle ! Si tu continues à parler je vais prendre 10 ans !"
La présidente fait le sortir. Théodora, en larmes, poursuit: Si encore l'argent volé avait permis à la famille de sortir de la pauvreté et donc de la délinquance mais, explique-t-elle, son père "a gaspillé tout l'argent qui nous appartenait au casino".
Poursuivis pour vol en bande organisée, recel, blanchiment et incitation de mineurs à commettre des délits, les principaux prévenus, risquent jusqu'à 20 ans de prison.
Le jugement est attendu vendredi.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.