Une mobilisation persistante et en recul des "gilets jaunes" pour l'acte 13

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Par Romain FONSEGRIVES avec les bureaux en régions - Paris (AFP)
Publié le 09 février 2019 - 05:00
Mis à jour le 10 février 2019 - 14:56
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Rassemblement de "gilets jaunes" à Rennes le 19 janvier 2018
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© Damien MEYER / AFP
Des rassemblements multiples, à l'ampleur incertaine et brouillés par des querelles autour d'éventuelles récupérations politiques: pour leur acte 13, les "gilets jaunes" vont manifester en ordre dispersé.
© Damien MEYER / AFP

Après presque trois mois de contestation, plus de 51.000 "gilets jaunes" ont manifesté en France pour leur acte 13, selon le ministère de l'Intérieur, une mobilisation en recul qui a été une nouvelle fois marquée par des incidents à Paris, où un manifestant a eu une main arrachée devant l'Assemblée nationale.

Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, contestés par les manifestants, 51.400 personnes au total se sont mobilisées dans l'hexagone, dont 4.000 à Paris.

Selon un bilan non définitif du "nombre jaune", un comptage fait par les "gilets jaunes" et publié sur une page Facebook, il y avait 111.010 manifestants en France samedi à 18H00.

La mobilisation diminue globalement chaque samedi depuis mi-janvier, selon les chiffres de Beauvau: le 19 janvier, le nombre de "gilets jaunes" atteignait 84.000, ils étaient 69.000 le 26 janvier puis 58.600 le 2 février.

Dans la capitale, des incidents ont éclaté à l'arrivée du cortège devant l'Assemblée nationale, où un manifestant âgé d'une trentaine d'années a eu une main arrachée. Selon la préfecture de police, il a eu "quatre doigts arrachés".

La cause et les circonstances de la blessure restent incertaines. Selon un témoin interrogé par l'AFP, il s'agit d'une "grenade de désencerclement", lancée par les forces de l'ordre et que le trentenaire a voulu repousser d'un "coup de main", alors que des manifestants tentaient d'enfoncer les palissades protégeant l'Assemblée.

Des incidents ont eu lieu sur le parcours de la manifestation, qui est arrivée vers 16H30 près de la Tour Eiffel, dans une ambiance tendue, et s'est terminée avant 20H00 après dispersion par les forces de l'ordre, qui restaient présentes, comme chaque samedi, sur les Champs-Elysées. Du mobilier urbain et des distributeurs de banques ont été cassés, une dizaine de véhicules incendiée, principalement des voitures de luxe mais aussi une voiture de la mission antiterroriste militaire Sentinelle.

Réagissant à ce dernier incident, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a dénoncé sur Twitter des "attaques intolérables" et exprimé son "indignation et dégoût". Le parquet de Paris a annoncé dans la soirée qu'un homme avait été placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte pour "destruction par incendie d'un bien d'utilité publique".

- Entre espoir et division -

À 20H00, la préfecture de police comptait 39 interpellations à Paris. Il y avait 21 personnes en garde à vue, selon le parquet de Paris.

Mais pour Myriam Oudin, une garde d'enfants de 42 ans, "ça n'aurait pas de sens de s'arrêter maintenant". "On est convaincus que grâce aux gilets jaunes, le monde va changer", a confié cette femme coiffée d'un bonnet phrygien découpé dans un gilet jaune.

À Toulouse et à Bordeaux, des villes où la mobilisation a été très forte et marquée par des heurts plusieurs samedis d'affilée, 6.000 et 5.000 "gilets jaunes" ont manifesté, selon une source policière.

À Lyon, ils étaient aussi plusieurs milliers dans les rues. À Dijon, autre place forte du mouvement, le cortège s'est élancé aux cris de "Macron démission". Emmanuel Macron "ne parle pas, il fait un monologue", a déclaré Nadine, 55 ans, qui ne croit pas au grand débat. "On a encore l'espoir que (les manifestations) ouvrent un peu les yeux" au président.

Au moins 2.000 personnes ont défilé à Lorient. Pour Eric, 40 ans, infographiste et maraîcher, "la revendication que je soutiens le plus, c'est le RIC (référendum d'initiative citoyenne). Il faut redonner le pouvoir de décider aux gens, comme en Suisse".

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, dont la proposition de loi "anticasseurs" a été adoptée par l'Assemblée au prix de sévères remous dans la majorité, a été particulièrement visé dans les slogans des manifestants.

Caen, Lille, Metz, Montpellier: là aussi, les "gilets jaunes" ont poursuivi la mobilisation.

Le mouvement apparaît toujours très fragmenté. D'un côté, certains souhaitent faire prospérer la colère sociale, quitte à remiser leur méfiance des syndicats, pour manifester avec la CGT. Une première journée d'action a rassemblé 137.200 personnes en France mardi, selon l'Intérieur.

De l'autre, beaucoup veulent éviter toute récupération politique, au moment où Rome multiplie les encouragements au mouvement, dans la perspective des élections européennes.

Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 étoiles et numéro deux du gouvernement italien, a semé la zizanie en rencontrant mardi Christophe Chalençon - une figure controversée qui a appelé à installer un ancien militaire au pouvoir - et d'autres membres d'une liste de "gilets jaunes" montée pour ces élections.

Une rencontre impromptue, organisée à l'insu de la tête de liste, Ingrid Levavasseur, et qui a provoqué une crise diplomatique entre l'Italie et La France.

Pour protester contre toute instrumentalisation, Maxime Nicolle, l'une des figures historiques des "gilets jaunes", s'est déplacé vendredi à la frontière italienne pour répéter que le mouvement "n'a pas de leader" et "est apolitique".

Samedi, avec plusieurs dizaines de "gilets jaunes", il a tenté de bloquer l'autoroute côté italien vers Vintimille, mais il en a été empêché par les forces de l'ordre.

Le chef de l'État, très présent dans son grand débat, a vu sa cote de popularité remonter. Mais selon un sondage diffusé jeudi, 64% des Français continuent de "soutenir" le mouvement des "gilets jaunes".

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