Arrêter de fumer : patch ou Champix, un test sanguin pour trouver le bon traitement
Dur, dur, d'arrêter de fumer, de nombreux Français le savent. Mais la donne pourrait bien changer grâce à une découverte faite par une équipe de chercheurs américains et canadiens. Leur étude, publiée lundi 11 dans la revue spécialisée The Lancet Respiratory Medicine, se sert de la vitesse à laquelle les fumeurs métabolisent la nicotine pour déterminer le traitement qui sera le plus efficace pour les aider à arrêter la cigarette.
"Nous avons montré qu'il est possible d'optimiser le taux d'arrêt du tabac, tout en minimisant les effets secondaires, en sélectionnant le traitement selon que les gens métabolisent la nicotine lentement ou normalement", explique ainsi Rachel Tyndale, responsable du département de pharmacogénétique au Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto, qui a co-dirigé l'étude. Une faculté qui peut être déterminée par un simple test sanguin, très facile à mettre en place.
Les travaux des chercheurs mettent en évidence que, plus la nicotine est métabolisée ("digéré", pourrait-on dire) par l'organisme, plus l'envie de fumer revient vite, et plus la dépendance est forte. Pour ce faire, ils ont analysé les résultats portant sur 1.246 patients, dont 662 ont été identifiés comme des métaboliseurs "lents" et 584 comme des métaboliseurs "normaux" (environ 60% de la population).
Ils ont ensuite été répartis en trois groupes mêlant ces deux catégories de personnes. Le premier groupe a été traité avec des patchs à la nicotine et une pilule placebo; le deuxième avec la molécule varénicline (présente notamment dans le médicament Champix) accompagnée de patchs placebo; et le dernier entièrement traité sous placebo (pilules et patchs). L'étude a duré 11 semaines.
Il en ressort une avancée surtout pour les métaboliseurs "normaux". Pour ceux-ci, le traitement à base de varénicline s'est révélé le plus efficace, allant jusqu'à doubler les chances de sevrage. Pour les autres, les patchs et la varénicline se sont révélés d'efficacité égale. Autre point à noter, cette dernière catégorie de patients s'est révélée bien plus sensible que les autres aux effets secondaires, parfois graves (état dépressif, tendances suicidaires…), des médicaments contenant de la varénicline.
Le test sanguin permettant de cerner la catégorie de métaboliseur des patients serait ainsi un "allié précieux" pour aider les patients à surmonter leur dépendance, estime Caryn Lerman, l'autre co-directrice de l'étude et directrice du Centre interdisciplinaire de recherche sur la dépendance à la nicotine à l'Université de Pennsylvanie (Etats-Unis).
Si les résultats de cette étude sont confirmés par d'autres équipes, leur mise en œuvre clinique pourra être envisagée. S'annoncerait alors une nouvelle étape dans la guerre contre le tabac, qui tue chaque année près de 6 millions de personnes dans le monde, selon l'OMS.
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