Cocaïne : le rugby a franchi la ligne...
Le dopage est un tabou dans le sport. Rarement admis, encore insuffisamment dénoncé, cette pratique se généralise pourtant. Le rugby n’échappe pas à ce phénomène. A un tel point que consommer de la cocaïne devient banal… Même si les langues se délient peu à peu, rien ne saurait écorner l’image de ce sport propre.
Le journal l'Équipe le révélait dans son supplément du 16 avril : la consommation de cocaïne est fortement répandue dans le milieu du rugby. En amateur et aussi en professionnel.
Selon Bernard Dusfour, ancien président de la commission médicale de la Ligue Nationale de Rugby (LNR), « ça fait un moment qu’elle circule, depuis que le rugby est devenu professionnel ».
Face à l’hypocrisie des responsables des fédérations nationales et internationales, sans oublier les agences anti-dopage, ce fléau va continuer longtemps à faire des ravages parmi les sportifs.
Dernier fait marquant, le 27 février, la star de rugby à XIII James Maloney a été contrôlée positif à la cocaïne ; son club de Lézignan, dans l’Aude, l’a mis à pied à titre conservatoire dans l’attente des résultats de l’agence française de lutte contre le dopage (AFLD).
Tout le monde se souviendra aussi qu'en 2020, au Japon, la Top League (le championnat professionnel) a été suspendue suite à l’arrestation de trois joueurs pour usage de cocaïne.
« Après un match, c'est cocaïne party ! »
L’effet troisième mi-temps n’est pas seulement ici un cliché, c’est un moment presque incontournable, convivial et ancré dans l’histoire du rugby. Cette drogue devient de plus en plus présente après les matchs et elle est alors associée à un moment festif. Mais l’aspect récréatif n’est pas le seul facteur d’usage de ce stupéfiant : la sensation de bien-être est recherchée pour relâcher la pression du sport de haut niveau et ses exigences.
Mourad Boudjellal, ancien président du Rugby Club Toulonnais, le déplorait ainsi : « dans certains clubs et auprès de beaucoup de joueurs, la coke s'est un peu invitée dans le milieu festif. On a eu l'étape alcool, là on est à une autre étape. »
C’est pourquoi les prises se font en semaine : la cocaïne ne resterait que 48 h maximum dans les urines. Ce qui ouvre la porte à tous les excès hors des terrains, tout en bénéficiant d’une certaine impunité. En effet, son usage n’est sanctionné que dans le cadre des compétitions officielles ; les contrôles se font généralement les jours de match. Les comportements évoluent, les consommateurs s’adaptent pour échapper aux sanctions, bien que celles-ci soient relativement minimes eu égard à la gravité des faits.
Le produit dopant idéal
« La cocaïne est un neuro excitant, elle permet de s'entraîner plus longtemps et plus durement », précise le docteur Lowenstein, spécialiste en médecine interne et addictologue. Et d’ajouter, « elle permet de diminuer la douleur, augmenter l’agressivité et la motivation ». Sur un terrain de rugby, la cocaïne aura donc un effet dopant sur l'explosivité, la prise de décision ou la tolérance aux chocs.
Cette substance donne parfois l’illusion à son consommateur d’être un champion, de pouvoir se surpasser à l'entraînement ainsi que lors des rencontres en championnat. De nombreux témoignages confirment cette tendance face à l’augmentation du nombre de cas ces dernières années. La cocaïne bénéficie d’une bonne image et d’une grande attractivité dans les milieux sportifs. Alors que les effets néfastes sur l’organisme sont légion.
Le débat est relancé. Tout le monde s’accorde à reconnaître que la cocaïne est un réel fléau dans le monde du rugby aujourd’hui. Mais pas seulement…
La balle est dans le camp des instances rugbystiques françaises et internationales, pour faire évoluer les mentalités, changer les comportements. Et surtout adapter des règles et des sanctions qui sont loin d’être efficaces et dissuasives.
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