Des médicaments anticancéreux périmés et inefficaces distribués en France avec de fausses étiquettes
C'est une affaire méconnue qui a pourtant tout d'un considérable scandale sanitaire que vient de rapeler le journal suisse Le Matin Dimanche. Dans son édition du dimanche 14, il révèle que le laboratoire Alkopharma aurait falsifié l'étiquette de 100.939 flacons d'un médicament anticancéreux pour masquer une date de péremption dépassée.
Le produit concerné, qui a été délivré en Suisse (2.119 flacons concernés) mais surtout très largement en France (98.820 flacons), est le Thiotepa. Il est prescrit pour lutter contre les cancers de l'ovaire, du sein et de la vessie. Or, selon Swissmedic, l'autorité de surveillance du marché des médicaments dans la confédération helvétique, cette centaine de milliers de flacons a vu ses étiquettes modifiées. Et pour cause, ces "invendus" qui ont été distribués entre 2007 et 2011 avait été produit parfois depuis 2005 alors que leur date de validité n'excédait pas les 18 mois.
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La moitié des flacons concernés par cette falsification massive ont été administrés à des enfants assure le journal suisse. Or, des produits qui, pour certains, sont périmés depuis presque sept ans présentent un danger particulièrement redoutable dans le cas d'une maladie grave comme le cancer: s'ils ne sont pas forcément dangereux en soi, ils n'ont plus aucun principe actif permettant de lutter contre la maladie qui continue alors son développement.
Les autorités de régulation suisses enquêtaient sur cette affaire depuis 2011. En 2016, une première décision de justice a condamné deux responsables d'Alkopharma à des amendes pour ces faits. La justice locale n'a pas reconnu la mise en danger de la vie d'autrui. Swissmedic a considéré ce jugement trop clément et a décidé de faire appel.
C'est la première fois de son histoire que la Suisse fait face à une affaire de falsification de médicaments pour des produits fabriqués et vendus via le réseau officiel.
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