Doliprane pédiatrique : pas de danger, contrairement à ce que dit la pétition
En moins de trois semaines, plus de 100.000 personnes ont signé sur le site change.org une pétition demandant notamment le retrait du doliprane pédiatrique, version pour enfant de ce médicament à base de paracétamol, liquide, dosé à 100 mg (contre 500 ou 1.000 pour les adultes) et parfumé à la fraise. Le texte accuse en effet le médicament d'être cancérigène car il contient de l’azorubine (E12), un colorant alimentaire qui est également utilisé dans de nombreux produits de consommation courante.
L'engouement pour cette pétition a été tel que le laboratoire Sanofi a dû publier un communiqué destiné à "rassurer les parents qui pourraient avoir des inquiétudes". Une réaction logique de la part du fabricant qui n'a pas suffit à endiguer la pétition. Mais d'autres acteurs sont aussi venus la contredire.
Parmi eux, l'association de consommateur de produits de santé 66 millions d'Im-patients, qui la décrit comme "la pétition qu'il ne faut pas signer". En effet, la présentation des risques faite par l'auteur de la pétition semble pour le moins approximative. Il invoque notamment le fait que l’azorubine est inscrit en catégorie-3 dans la classification établie par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) "car il est présumé cancérigène". En réalité, cette classe -dans laquelle on trouve également le paracétamol- signifie que les résultats des test menés sur les hommes et les animaux sont insuffisants, et que par conséquent la substance est "inclassable quant à sa cancérogénicité pour l'homme".
La pétition indique aussi que la substance peut "induire ou amplifier de l'hyperactivité chez l'enfant". Une étude de 2007 avait en effet émis cette hypothèse, mais uniquement lorsque l’azorubine est associée à d'autres produits. L'Agence européenne de sécurité alimentaire avait donc jugé qu'il n'était pas possible d'établir un lien avec l'hyperactivité.
De même, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) juge que le seul risque lié au colorant est de provoquer des réactions allergiques. Un avertissement est donc présent sur la notice du doliprane pédiatrique.
Quant aux nombreuses sources affichées sur la pétition, elles renvoient vers des études portant notamment sur l'impact des colorants alimentaires en général. Mais il ne s'agit pour la plupart que de résumés, en anglais et très techniques. Difficile en effet pour le commun des mortels de décrypter: "Effect of food azo dye tartrazine on learning and memory functions in mice and rats, and the possible mechanisms involved". Mais l'alarmisme du texte semble avoir suffit à convaincre de nombreuses personnes.
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