E-santé : des selfies pour détecter des maladies cardiaques
L'utilisation quasi permanente des smartphones par une proportion de plus en plus importante de la population française est un véritable moteur pour la télémédecine et la e-santé. Nos téléphones sont en effet des appareils suréquipés qui sont des alliés de taille pour surveiller notre état de santé. De la même facon que des scientifiques cherchent la meilleure manière de les utiliser pour la sécurité routière , d’autres explorent les possibilités offertent par les selfies pour détecter sur les visages d’éventuels signes de maladies cardiaques.
Les maladies cardiaques peuvent se lire sur nos visages
En Chine, où la société n’a pas la même approche de la protection de la vie privée, faire une photo “selfie” pour qu'une intelligence artificielle puisse interpréter le visage et proposer quelque chose selon de la physionomie ou de l'état d'esprit de l'utilisateur fait déjà partie de la vie quotidienne. Si l’on peut se faire scanner le visage pour recevoir une recommandation de menu de poulet frit sur les bornes KFC pourquoi ne pas utiliser ces nouvelles technologies pour la prévention en matière de santé?
Selon une étude chinois publiée le 20 août dans l'European Heart Journal un «selfie» chez votre médecin pourrait être une façon rapide et économique de détecter les maladies cardiaques. En analysant quatre photographies du visage d'une personne, la technologie deep learning serait capable de détecter la coronaropathie (CAD).
Des cheveux clairsemés ou gris, des rides, un pli du lobe de l'oreille, de petits dépôts jaunes de cholestérol sous la peau autour des paupières, un anneau opaque blanc, gris ou bleu sur les bords extérieurs de la cornée, sont quelques uns des signes visibles qui pourraient être liés aux maladies cardiaques. L'oeil humain ne peut pas les identifier de façon si précise que les algorithmes développés par l'équipe de chercheurs chinois. Ils ont constaté que l'algorithme surpassait les méthodes existantes de prédiction du risque de maladie cardiaque (modèle Diamond-Forrester et score clinique du consortium CAD). Dans le groupe de validation des patients, l'algorithme a correctement détecté la cardiopathie dans 80% des cas.
Pour affiner l'application il faudrait lui apprendre à lire tous les types de visages dans le monde
Le professeur Zhe Zheng, vice-directeur du Centre national des maladies cardiovasculaires et vice-président de l'hôpital Fuwai, de l'Académie chinoise des sciences médicales et du Peking Union Medical College a Pékin, qui a dirigé la recherche, explique dans la revue de l'Association européenne de santé publique que l’objectif final est de développer une application qui servirait aux communautés à haut risque avant de visiter une clinique. Cela pourrait être une méthode peu coûteuse, simple et efficace pour identifier les patients qui nécessitent des examens plus approfondis.
L'équipe de chercheurs reconnaît les limites de l'algorithme qui a un taux de faux positifs allant jusqu'à 46%. Ils espèrent améliorer la spécificité de cette intelligence artificielle pour que leurs utilisateurs soient plus confiants dans les résultats.
Plus besoin de données cliniques supplémentaires
Le professeur Professor Xiang-Yang Ji, co-responsable de l'étude a déclaré que les informations cliniques supplémentaires n'améliorent pas les performances de l’algorithme, ce qui signifie qu'il peut être facilement utilisé pour prédire une maladie cardiaque potentielle en se basant uniquement sur des photos faciales, ce qui rend cet outil facilement utilisable à grande échelle.
La reconnaissance faciale: une menace pour la protection de nos données de santé
La communauté internationale de cardiologues se montre optimiste face à l'utilisation de selfies comme méthode de dépistage. C'est un moyen simple mais efficace de filtrer la population générale avant une évaluation clinique plus complète.
Cependant, les questions éthiques liées à l'utilisation d'informations à des fins discriminatoires restent entières. La reconnaissance faciale représente une menace importante pour la protection des données personnelles. L'utilisation de nos selfies pour avoir des informations liées à nos conditions de santé qui font partie de notre intimité, et les applications numériques qui analysent les photos, stockent et transmettent les données, et représentent un danger potentiel, car la collecte de ce type de données est très sensible. Que se passerait-il si ce type de technologie était par exemple, utilisé par les compagnies d'assurance, qui pourraient vous donner un bonus ou malus avec une simple photo?
Les auteurs de l'étude sont d'accord sur ce point: le professeur Zheng a déclaré que “les questions éthiques liées au développement et à l'application de ces nouvelles technologies sont d'une importance capitale. Nous pensons que les recherches futures sur les outils cliniques devraient prêter attention à la vie privée, aux assurances et aux autres implications sociales pour garantir que l'outil est utilisé uniquement à des fins médicales. "
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