Hommage à Luc Montagnier : "cette ferveur, c’est le cœur de la France qui bat"
Plus de mille personnes, mais aucun ministre : la cérémonie funéraire du prix Nobel de médecine 2008 (avec Françoise Barré-Sinoussi), Luc Montagnier, s’est déroulée cet après-midi, à la salle de la coupole du père Lachaise. Un hommage auxquel une foule reconnaissante s'était jointe : près d’un millier de personnes, de tous âges, étaient venues rendre hommage au grand chercheur disparu le 8 février. Reportage.
Une ambiance de « liberté »
Les barrières entourant l’entrée de la coupole réservent l’accès aux proches et à des personnalités proches du biologiste ou ayant partagé des combats communs : on voit ainsi arriver Laurent Toubiana, Jean-Dominique Michel, Martine Wonner, Christian Perronne, Alexandra Henrion-Caude ou encore Francis Lalanne, passant pour certains un moment avec la population venue sur place. Jean-Dominique Michel explique ainsi : « je suis très touché d’être ici, c’était un géant, c’était un humaniste, quelqu’un d’intègre et de généreux. C’était quelqu’un de simple, quand j’ai pu m’entretenir avec lui, il était d’une gentillesse et d’une générosité absolument splendides. »
La place est noire de monde, dans une ambiance de manifestation mâtinée d'émotion. La foule scande : « Liberté, liberté, liberté ! ». Les applaudissements ressurgissent régulièrement. L'atmosphère est à la ferveur, une communion populaire en mémoire du professeur qui « sacralisait » leur combat, comme l’explique une participante. Les personnes présentes témoignent d'une vraie reconnaissance pour le membre de l'Académie des sciences : « il avait tout compris. Mais comme toujours quand on comprend avant les autres, ça dérange et la plupart des politiques et des médias mainstreams lui sont tombés dessus », déplore Catherine.
Un patriarche, icône de la résistance
Le professeur Montagnier s’était notamment interrogé dès le printemps 2020 sur la provenance du virus de Wuhan : l'hypothèse qu'il avait présentée avait été vilipendée, alors qu'elle s'impose désormais comme des plus plausibles. Le chercheur disparu à 89 ans, avait ensuite pris position contre les mesures sanitaires, et particulièrement la campagne de vaccination de masse.
Olivier Soulier, médecin et porte-parole du syndicat Liberté santé, se félicite de cette ambiance : « Vous voyez cette ferveur ? C’est le cœur de la France qui bat. Ce n'est pas l’Elysée, ce n'est pas l’Assemblée nationale, il n'y a pas de ministre, mais il y a les Français qui disent leur amour pour Luc Montagnier. Tous ici, nous sommes ses héritiers, ses enfants, le vieux patriarche est parti mais nous sommes là pour prendre sa suite. Je pense que dans l’histoire de cette pandémie, cet enterrement va rester comme le moment où tous les résistants se sont fédérés. On va tous rester dignes de ce qu’il nous a appris. »
Les participants ont pour certains la chance d’être en vacances, certains ont pris une journée de congé pour l'occasion. D’autres ont dû trouver des excuses pour « sécher » le travail : « J’étais au bureau normalement, mais j’ai dit que je devais aller à un enterrement. Je n'ai pas dit lequel, ils m’ont laissé y aller. »
Le lien fort entre le peuple et le professeur
Le professeur représentait « quelqu’un qui pouvait prendre la parole ». Flora, venue avec son mari et son enfant, explique qu’elle l'admirait déjà avant la crise covid : « c’est un chercheur qui avait travaillé sur la mémoire de l’eau. J’étais admirative qu’un grand chercheur comme lui puisse s’aventurer là-dedans. Ça avait validé l’efficacité de l’homéopathie, c’étaient des produits que je prenais depuis toujours. Il n’hésitait pas à travailler sur l’autisme, c’était un avant-gardiste ! »
Une disparition triste, mais un moment de joie également, de sentir que le nombre et la chaleur de cette assistance illustrent qu’il part, mais que son combat continue. Beaucoup de figures de la « résistance » parisienne, comme se baptisent les manifestants, étaient présentes.
Après une minute de silence, entièrement respectée, l’entourage et les personnalités proches du professeur saluent une dernière fois ceux qui applaudissent aussi leur présence, et se dirigent à l’intérieur de la salle funéraire pour leur dernier au revoir au professeur - Xavier Azalbert, directeur de la publication de FranceSoir, y était invité parmi d'autres à dire un mot.
L’absence remarquée des autorités et des autres médias
Marine, une participante, s'insurge : « où est le président, où sont les médias mainstreams ? Ils ont fait silence radio à sa mort. C’est un prix Nobel. Ils savent qu’ils ont eu tort et ils ont honte. Mais ce n’est pas acceptable qu’un gouvernement n’honore pas un tel homme, c’est minable. »
Jean-Dominique Michel poursuit : « penser qu’une disparition comme la sienne, dans un pays comme la France, se heurte au silence honteux des autorités et des médias mainstream, qui continuent d’essayer de salir sa mémoire, dans des moments où le sacré entre la vie et la mort devraient l’emporter nous renforcent encore dans l’importance du combat que nous menons. »
À la sortie, une Marseillaise solennelle et spontanée retentit. À n'en pas douter, elle résonnera longtemps dans les cœurs de ceux qui ont honoré par leur présence le souvenir du grand homme dont le sourire malicieux habitait toutes les pensées.
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