Paris : du carbone dans les poumons des enfants
Nouvel exemple que la pollution en Ile-de-France atteint un seuil critique: des chercheurs français et américains ont découvert des nanotubes de carbone dans les poumons de 69 enfants asthmatiques âgés de 2 mois à 17 ans vivant autour de Paris. Chez cinq enfants, ils en ont également trouvé dans les macrophages alvéolaires des cellules immunitaires de poumons.
Cette étude, publiée dans la revue eBioMedicine et reprise par Sciences et Avenir, a été dirigée par le professeur de chimie Fathi Moussa de l’Université Paris-Saclay (Essonne), également pharmacien biologiste à l’hôpital Trousseau (Paris).
Les chercheurs du Laboratoire d'étude des techniques et instruments d'analyse moléculaire ont analysé les particules fines présentes dans les poumons de 69 enfants. Ils ont ainsi pu détecter la présence de nombreuses tiges rectilignes d'origine industrielle. Une étude parallèle a été réalisée sur des prélèvements de pots d'échappement et sur des fenêtres en zone urbaine dans les Hauts-de-Seine. Les échantillons ont démontré la présence de ces mêmes tiges rectilignes: il ne fait donc aucun doute que les traces de carbone décelées dans les poumons des enfants proviennent de gaz d’échappement de véhicules franciliens.
Cette étude s'est axée sur 69 lavages broncho-alvéolaires, une méthode d'aide au diagnostic médical consistant à injecter dans les bronches et les alvéoles pulmonaires une solution (50 à 250 ml) de liquide physiologique stérile. On récupère ensuite ce liquide, ce qui permet d'effectuer certains examens à la recherche d'infections ou d'autres pathologies. Les cellules des voies respiratoires des sujets ont ainsi pu être examinées à l’aide de différentes méthodes d’analyse (microscopie électronique à transmission, analyse dispersive en énergie par rayons X).
Les chercheurs ont trouvé des traces de nanotubes de carbone dans les poumons des 69 enfants. Il s'agit de molécules de carbone cylindriques extrêmement fines, résistantes et légères. Elles ont la particularité de se nicher dans l'organisme et peuvent accueillir des gaz ou des métaux toxiques. Elles favorisent donc la venue de substances polluantes dans les poumons et dans les membranes cellulaires.
Néfastes pour l'organisme à haute dose, ces molécules de carbone peuvent provoquer des maladies respiratoires et accroître les risques de cancer et de maladies cardio-vasculaires. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution de l’air a tué 7 millions de personnes en 2012 sur la planète. En France, d'après le ministère de l'Ecologie, la pollution atmosphérique concerne directement près de 60% des Français et serait à l'origine de 42.000 décès prématurés par an.
Cette nouvelle étude sur la pollution est publiée à quelques semaines de la COP-21, la grande conférence de des Nations unies sur les changements climatiques organisée à Paris du 30 novembre au 11 décembre. Celle-ci doit aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à tous les pays, dans l'objectif de lutter contre le réchauffement climatique; la pollution urbaine, émettrice majeure de gaz à effet de serre, sera un point abordé pour améliorer la qualité de vie des citadins.
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