Placebo ? Inefficace ? Dangereuse ? L'homéopathie bientôt plus remboursée ?
Des piqûres de moustiques au stress en passant par les allergies, l'homéopathie est utilisée par de nombreux Français pour de nombreuses raison. Mais son efficacité est plus décriée que jamais et certains s'interrogent donc sur le régime qui l'entoure.
En mars dernier, un groupe de médecins signait une tribune au vitriol évoquant une pratique "en rien scientifique. (...) Les thérapies dites «alternatives» sont inefficaces au-delà de l'effet placebo et n'en sont pas moins dangereuses".
Quelques semaines plus tard, la ministre de la Santé Agnès Buzin se montrait moins virulente en jugeant que l'homéopathie "ne peut pas faire de mal" et rappelant que "les Français y sont attachés". Mais elle disait également que son efficacité est "probablement liée à un effet placebo". En clair le patient se sentirait mieux car il se persuade que le traitement est efficace.
Voir: "Rien de scientifique" dans l'homéopathie et les médecines alternatives
Cette pratique n'a d'ailleurs jamais fait ses preuves. Une étude de l'EASAC (European Academies Science Advisory Council, réunion des académies scientifiques des états membres de l'UE) datant de 2017 avait mis en avant "l’absence de preuve solide et reproductible de l’efficacité des produits homéopathiques". Une conclusion partagée par la majorité des études menées sur le sujet.
Il n'existerait donc aucune preuve que l'homéopathie fonctionne, mais pas davantage qu'elle ne fonctionne jamais. Une brèche dans laquelle s'engouffrent ses défenseurs qui opposent les résultats d'autres études. Mais ces travaux sont parfois critiqués pour attribuer plus de place aux témoignages des patients (et donc à l'effet placebo) qu'à la question de l'effet "mécanique" de l'homéopathie.
Outre cette bataille méthodologique, les détracteurs de l'homéopathie mettent également en avant les doses infinitésimales de principe actif utilisé, largement insuffisantes selon eux pour que la technique ait un quelconque effet. "A la fin il n'y a strictement plus rien du produit initial. On a beaucoup plus de chance de gagner 50 fois d'affilé au loto que de tirer la goutte d'eau qui contiendrait une molécule de ce produit", tance dans un entretien à franceinfo Jean-Paul Krivine, rédacteur en chef de la revue Science & pseudo-sciences.
Un point de vue qui suppose que l'homéopathie ne peut pas non plus être dangereuse. La question s'oriente donc vers la nécessité de rembourser une médecine "alternative" dont l'efficacité est largement mise en doute mais qui ne ferait "pas de mal".
"Si ça peut éviter d'utiliser des médicaments toxiques, quelque part je pense que nous y gagnons collectivement. (...) Si cela continue d'être bénéfique sans être nocif, cela continuera d'être remboursé", avait jugé sur BFMTV la ministre de la santé, sans trancher donc cet épineux débat.
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