Raoult charge ses détracteurs : "C'est eux qui vont m'expliquer la science ?"
Dans une vidéo publiée le 21 juin sur la chaîne YouTube de l’IHU Méditerranée-Infection, le professeur Didier Raoult, directeur de l'institut hospitalo-universitaire, est revenu sur les accusations selon lesquelles il aurait manqué de soumettre un projet de recherche, parmi les près de 3 500 études scientifiques publiées au cours de sa carrière, à l’avis d’un Comité consultatif de protection des personnes. Des critiques qui suscitent la surprise du professeur, au regard du pedigree de ses émetteurs : « Le dernier point sur lequel il nous attaque et qui fait le bonheur des uns et des autres est le même point, ce que vous retrouvez dans FranceSoir, qu’on peut reprocher au ministre M. Véran, à la directrice de l’ANSM et à la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Et puis probablement à 99 % des gens qui ont fait au moins une publication. Vous verrez qu’aucun n’a entièrement respecté la règlementation. »
« Il ne faut pas mélanger éthique et règlement »
L’occasion pour le professeur d’établir un différentiel entre règlementation et éthique. Le gouvernement français, souligne-t-il, a instauré une « prolifération maladive de lois et de règlements, qui fait qu’on arrive plus du tout à travailler », indiquant qu’il s’agit de « lois qui changent tout le temps ». Pour autant, s’il existe une multitude de lois et de règlements, il estime que l’éthique est « un élément qui manque profondément dans ce pays », évoquant pour exemple le fait qu’un malade n’est pas prévenu s’il « vous sert de cobaye pour rapporter de l’argent » dans le cadre d’un essai pharmaceutique : « C’est dans la déclaration d’Helsinki et ce n’est actuellement pas exigé dans les CPP. Ça, c’est un problème d’éthique. […] Il ne faut pas mélanger éthique et règlement », explique-t-il. Abordant ensuite l’épineux sujet des conflits d’intérêts entre le milieu médical et l’industrie pharmaceutique, le scientifique de marteler : « Je pense beaucoup de mal de l’éthique en France ».
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Pourquoi l’IHU a-t-il été victime de tant d’hostilité de la part des médias et du gouvernement d’Emmanuel Macron ? À cette question, le professeur répond catégoriquement : « Parce que les propositions faites par l’IHU [pour soigner le Covid-19] ne répondaient à aucun marché, elles ne permettaient pas de gagner d’argent ».
Didier Raoult, scientifique qui a le plus publié de l'histoire de France
Le professeur embraye sur une réponse aux critiques qui le visent : « Je serais bien étonné de ne pas avoir fait 3-4 % d’erreurs dans les travaux que j’ai faits », reconnait-il, avant de rappeler l’ampleur du nombre d’études publiées au cours de sa carrière de scientifique : « Depuis le début de ma carrière, j’ai fait près de 3 500 publications répertoriées dans les banques de données internationales. Citées plus de 142 000 fois. » Et de souligner : « Pour vous dire toute la vérité, personne n’a publié en France autant de papiers que moi. Ça n’existe pas. »
Didier Raoult se penche ensuite sur la production scientifique de ses détracteurs, mettant le doigt sur l’écart conséquent qui sépare le volume de leur production scientifique au sien : « Les gens qui m’ont harcelé ces dernières années, on va voir ce qu’ils font. Normalement, la science est jugée par les pairs, c’est-à-dire des gens qui sont de votre niveau. […] Les gens qui veulent m’expliquer comment on fait la science sont des gens qui ont publié moins de 100 fois moins que moi. C’est pas beaucoup quand même. »
Prenant l’exemple de l’ancien ministre de la Santé Olivier Véran, après avoir rapporté que son nombre de publications s’élève à huit, Didier Raoult assène : « Et c’est eux qui vont m’expliquer ce qu’est la science, ce que c’est que les maladies infectieuses, comment on traite les angines ? FranceSoir a trouvé une publication sur les épilepsies d’un travail prospectif sur lequel il n’y a pas mention qu’il a consulté le comité d’éthique de l’époque qui était le CCPRB. Donc, c'est la même erreur qu’il me reproche et qu’on envoie dans Mediapart et le monde entier en disant “M. Raoult ne respecte pas l’éthique, parce qu’il a interprété le règlement en disant que c’était le numéro 3 plutôt que le numéro 2“. Mais eux aussi ils ont fait ça. La différence, c’est qu’ils ont trouvé pour moi 1 (étude) sur 3 500 tandis que moi j’en trouve 1 sur 7 ».
L'hégémonie du discours scientifique aux antipodes de la méthode scientifique
Dans cette vidéo, le directeur de l’IHU a également fait part de sa satisfaction à la suite des résultats des élections législatives, pointant un meilleur équilibre des pouvoirs : « Je suis hostile à l’hégémonie, c’est-à-dire à la domination totale avec un seul groupe, que vous appeliez ça la doxa, la pensée unique, en particulier dans le domaine de la santé », fait-il savoir. Didier Raoult poursuit ensuite sur la question de « l’hégémonie du discours scientifique » fou. Selon lui : « Tout ça est devenu fou. Ces certitudes qu’il n’y a rien d’autre à faire que de donner des médicaments nouveaux et qui coûtent très cher et qui ne marchent pas est devenu quelque chose d’insupportable ».
Un discours hégémonique répercuté par la presse mainstream « qui adore les messages simples », dénonce-t-il. « Tout ça est un problème. J’en ai souffert, parce que la presse est engouffrée dans cette espèce d’hégémonie qu’elle aime bien : elle adore les messages simples. Quand un gouvernement a des messages très simples, la presse adore ça », explique-t-il. « Ça m’est arrivé plusieurs fois de me retrouver en face de journalistes qui m’expliquaient à moi, mon cœur de métier : la science », raille-t-il ensuite. Et de se satisfaire de la présence d'une alternative à cette presse : « Je suis content que FranceSoir, qui fait partie de la presse résistante, explique que les histoires des tuberculoses sont un petit complot contre moi de traiter avec des protocoles sauvages. »
Voir aussi : "Expérimentation sauvage" contre la tuberculose: fin de partie pour Mediapart et les détracteurs du Pr Raoult
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