Retour de la syphilis avec près de 500 cas déclarés en France en 2015
On croyait la syphilis disparue depuis longtemps. Cette maladie, c'était celle de Maupassant, de Baudelaire, de Rimbaud, de Flaubert, de Gauguin, de Toulouse-Lautrec, de Mozart, mais pas celle des temps modernes. Ces dernières décennies, le nombre de cas était tellement faible qu'elle avait même était retirée de la liste des maladies à déclarations obligatoires. En 1914, Sanofi avait été jusqu'à arrêter de commercialiser son traitement de référence, l'Extencilline. Mais, contre toute attente, cette Infection Sexuellement Transmissible (IST) due à la bactérie tréponème pâle fait aujourd'hui son retour en France et ailleurs. D'après Le Parisien, il existerait aujourd'hui environ 400 à 500 nouveaux cas déclarés par an dans l'Hexagone. Les premiers cas sont réapparus en 1999 et depuis "l'augmentation est constante et progressive", avertit Florence Lot, responsable de l'unité VIH, hépatite B et C à l'Institut de veille sanitaire (InVS),
Preuve en est : en Corrèze, le centre hospitalier de Brive-la-Gaillarde a diagnostiqué une quarantaine de cas en 2015, contre en moyenne deux par an au cours des années précédentes. Et dans le Gard, les centres de dépistages anonyme et gratuit (CDAG) ont lancé en mai 2015 une alerte à la syphilis pour le département où trois fois plus de cas avaient été constatés au cours des derniers mois. "Oui, il y a une recrudescence des cas, de toutes les infections sexuellement transmissibles d'ailleurs, comme la chlamydia. Il ne s'agit pas de l'ampleur de la syphilis de la fin du XIXe-début XXe, mais les médecins avaient perdu l'habitude de la diagnostiquer, et c'est revenu à l'ordre du jour", confirme le groupe interassociatif TRT-5 (traitements & recherche thérapeutique) qui rassemble neuf associations dont Aides et Act Up, cité par Le Parisien.
Mais pourquoi une telle résurgence? "On la doit à la hausse des pratiques à risque, en particulier chez les homosexuels masculins. Les enquêtes le démontrent dès 1997", explique Florence Lot au Parisien. Car la syphilis touche en effet principalement la population gay masculine (84% des cas, dont près de 40% sont aussi séropositifs). Les cas de syphilis sont toutefois également en train d'augmenter légèrement chez les hétérosexuels. Face à un tel phénomène, les médecins poussent à l'utilisation des préservatifs, seuls capables de protéger contre cette maladie pour laquelle il n'existe ni vaccin ni traitement préventif. Par ailleurs, "il ne faut pas hésiter à se faire dépister", explique à La Montagne le Dr Bruno Abraham, médecin spécialiste des maladies infectieuses au centre hospitalier de Brive, qui a mis en place, en collaboration avec des associations, un centre d'information et de dépistage nommé Cegidd.
"Le temps d'incubation est variable, en moyenne trois semaines. Le symptôme le plus courant, c'est l'apparition d'une lésion cutanée au niveau de la zone de contact, l'appareil génital, la bouche", explique La Montagne. Pour repérer la syphilis, une simple prise de sang suffit. La syphilis primaire et secondaire se traite facilement avec une injection unique d'antibiotiques comme la Benzathine Pénicilline G. Mais la maladie existe également à des stades plus avancés: tertiaire et latent. Auxquels cas, elle peut entraîner des troubles neurologiques et psychiatriques, l'altération des organes et même la mort.
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