Vaccination contre la grippe par les pharmaciens : les médecins et infirmiers furieux
Médecins et infirmiers sont furieux. Mardi 18, la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale a autorisé les pharmaciens à faire des vaccinations contre la grippe à titre expérimental afin d'améliorer la couverture vaccinale. A l'annonce de cette décision motivée selon lui par le "lobbying pharmaceutique" , le corps médical s'est empressé de démonter les arguments des politiques.
Car pour les médecins généralistes, la priorité n'est pas de rajouter des gens pour faire des injections mais de persuader les gens qu'il est important de se faire vacciner. Les infirmiers rappellent quant à eux que la piqûre de vaccination, qui franchit la barrière cutanée, est un geste invasif et donc très règlementé. Pour eux, autoriser les pharmaciens à faire des vaccins avant d'utiliser les 100.000 infirmiers libéraux sur le terrain est un "début de démantèlement" de leurs compétences propres.
Jusqu'à présents, seuls les généralistes, les pédiatres, les sages-femmes et les infirmiers étaient autoriser à vacciner les patients contre la grippe. Mais, malgré l'insistance des autorités et la gratuité du vaccin contre cette maladie, les Français sont très méfiants. Pour la grippe, "seulement 48% des assurés à risque se sont fait vacciner en 2015-2016, soit un recul de plus de 14 points depuis 2009", fait valoir l'amendement des parlementaires, ajoutant que "si la couverture vaccinale était de 75%, 3.000 décès seraient évités chez les personnes de 65 ans et plus".
Mais pour les médecins, tout cela est de la faute des politiques. "Les attitudes variables et irresponsables des pouvoirs publics sur la recommandation des vaccins ont eu de lourdes conséquences. De même, l’organisation chaotique de la vaccination contre la grippe H1N1 en 2009-2010 a fait chuter de dix points le taux de vaccination chez les personnes âgées dès l’année suivante", dénonce la Confédération des Syndicats Médicaux Français sur son site. "Il existe depuis plusieurs années un fort courant anti-vaccination alimenté par des contre-vérités et des pseudo-études sur les vaccins, créant ainsi un climat de suspicion et de défiance chez un certain nombre de Français", admet-elle.
Toutefois, la solution décidée par les politiques n'est pas la bonne, assure son président, le Docteur Jean-Paul Ortiz. "C’est en développant la prévention et les missions de santé publique du médecin traitant, dans le cadre du colloque singulier et de la confiance dans la relation médecin-patient, qu’on parviendra à améliorer la couverture vaccinale. Il faut recentrer la vaccination sur le médecin traitant via des consultations dédiées à la prévention à des âges ciblés", recommande-t-il. "Si les pharmaciens vaccinent des patients, comment leurs médecins seront-ils au courant alors que le dossier médical partagé n’existe pas ? Donnons plutôt un stock de vaccins aux médecins, en liaison avec leur pharmacien de proximité", suggère-t-il.
Chaque hiver, la grippe touche des millions de personnes et en tue, généralement suite à des complications, entre 1.500 et 2.000. Les victimes sont surtout les enfants et les personnes âgées de plus de 65 ans.
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