Conséquences sanitaires de la 5G : un rapport très prudent
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FranceSoir
Publié le 18 septembre 2020 - 15:24
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HECTOR RETAMAL / AFP
Les risques sanitaires liés à la 5G ne serait pas, dans un premier temps, supérieurs à ceux de la 4G
HECTOR RETAMAL / AFP
Un rapport sur les « aspects techniques et sanitaires » de ce déploiement a été publié sur les sites des ministères de la Transition écologique, de la Santé et de l’Economie. Il se révèle prudent. La France mettrait-elle la charrue avant les bœufs ?
Après avoir planché pendant deux mois, un temps qualifié de « très contraint », des représentants du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), du Conseil général de l’économie (CGE), de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l’Inspection générale des finances (IGF), ont donc rendu leur copie [1].
Celle-ci n’est pas si rassurante que cela sur les inquiétudes sanitaires liées à la 5G, les auteurs du rapport précisant d’ailleurs « se limiter à des recommandations d’ordre général ». Tout en notant que
« Les investigations de la mission n’ont pas porté sur les aspects environnementaux et énergétiques (…), ni sur les conséquences sanitaires non liées aux ondes électromagnétiques »
Les ondes et leurs effets
L’exposition aux ondes électromagnétiques et ses conséquences sur la santé fait effectivement partie des principales inquiétudes liées à la 5G. Il est établi que les champs électromagnétiques ont un effet thermique sur les tissus, comme le précise l’OMS. D’autres effets biologiques sur des paramètres comme la tension ou le sommeil ont également été démontrés.
Ces effets ont-ils des conséquences sur la santé ? « Pas à court terme », répondent de concert les agences sanitaires nationales et internationales. Sur le long terme, « des débats persistent » souligne le dernier rapport
français. On n’est guère plus avancé… L’OMS a néanmoins classé les ondes radio comme « possiblement cancérogènes pour l’homme » en 2011.
Les effets des ondes électromagnétiques dépendent également de facteurs comme la puissance des fréquences, la proximité et le temps d’exposition. Un rapport de l’ANSES montre qui plus est qu’il faut tenir compte du type de peau, qui modifie la conductivité des tissus.
Une chose est sûre :
« Plus la fréquence des ondes électromagnétiques augmente, plus les ondes sont absorbées par les couches superficielles de la peau et plus la profondeur de pénétration de ces ondes diminue »
Bandes de fréquence et points atypiques
C’est pour cette raison que, concernant la 5G, les enjeux varient, et les questions sanitaires avec : la première phase du déploiement (à la fin de l’année) se fera sur une bande autour de 3,5 GHz, proches de celles actuellement utilisées pour la 4G ; mais par la suite, d’autres bandes de fréquence seront utilisées, à partir de 26 GHz – les ondes millimétriques – pour un meilleur débit.
Concernant la première bande, le rapport sur les aspects techniques et sanitaires du déploiement de la 5G déduit avec prudence que :
« les éléments disponibles à ce jour permettent d’estimer que l’introduction de la 5G en bande 3,5 GHz ne générera pas de rupture en matière d’exposition dans les zones urbaines (…) mais peut contribuer à une augmentation du nombre de points atypiques »
Il n’y aurait donc pas, dans un premier temps, d’effets sanitaires spécifiques à la 5G « en dessous des valeurs limites d’exposition ». Cependant, la mention de « points atypiques » pose question. Ils désignent, pour reprendre la définition de l’ANFR (Agence nationale des fréquences), « des lieux où les niveaux d’exposition du public aux ondes électromagnétiques dépassent substantiellement ceux généralement observés à l’échelle nationale ».
Et qui, pour 1% des mesures réalisées, dépassent le niveau d’exposition retenu par la réglementation française (qui date de 1999), à savoir entre 28 V/m et 87 V/m d’intensité selon les fréquences utilisées.
Ce niveau limite est fixé à 36 V/m sur une bande proche de 700 MHz et à 61 V/m pour la bande 2600 MHz. Il en sera identique pour la 5G de la bande 3500 MHz, toujours d’après l’ANFR.
Usages et antennes
Sauf que le niveau d’exposition varie aussi selon les usages, qui vont irrémédiablement augmenter, et selon le type d’antenne. Eh oui, alors que les antennes 4G restent à valeur constante dans sa direction principale, les antennes 5G ont des faisceaux orientables, et l’exposition devra donc être calculée en différents points.
Ces paramètres ont été évoqués dès juillet 2019 par l’ANFR qui précisait alors que « les premières ont été réalisées dans des conditions qui restent limitées », à savoir avec un seul type d’antenne d’un seul constructeur et sans smartphone compatible avec la 5G – ils ne seront commercialisés qu’en fin d’année.
Appelant à la prudence quant à l’exposition réelle induite par la 5G (usages et antennes), l’établissement public avait alors précisé :
« Après la commercialisation des premiers téléphones 5G, de nouvelles mesures permettront de construire des configurations plus réalistes »
Peu d’études sanitaires sur la 5G
En somme, rien n’est certain, et ce d’autant que l’autre organisme en charge d’évaluer les risques sanitaires de la 5G, à savoir l’ANSES ne rendra pas ses conclusions avant 2021, que ce soit sur fréquences proches de 3,5 GHz ou de 26 GHz.
Cela explique donc la demande de rapport estival du gouvernement (on y revient), lequel se base sur les données des 26 pays engagés dans la 5G, y compris les cinq qui n’ont pas encore commercialisé cette technologie – à savoir la France, la Belgique, Singapour, Israël et l’Estonie.
Ce rapport est largement nuancé par le fait que « seuls cinq pays mènent des études dédiées à la 5G sur la bande 3,5 GHz », tandis que d’autres, à l’instar de l’Allemagne, « se penchent sur les fréquences autour des 26 GHz ».
Résultat, après deux mois de travail, « la mission s’est limitée à des recommandations d’ordre général » et parmi elles :
- « Conforter les moyens d’évaluation et de recherche de l’ANSES sur les effets sanitaires des ondes électromagnétiques »
- « Effectuer des mesures de champs électromagnétiques avant et après l’installation des antennes sur un nombre significatif de sites »
- « Organiser une consultation à la suite de la publication des travaux de l’ANSES »
Ce dernier point constituerait d’ailleurs une première puisque le rapport relève justement qu’ « aucun pays n’a organisé de consultation citoyenne spécifique dédiée à la 5G ». Mais la France ne fera manifestement pas exception.
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