Détecter la démence légère, uniquement à partir de photos d’un visage
Jusqu'à 8% des personnes de plus de 60 ans peuvent présenter une forme de démence, une des causes principales de handicap et de dépendance chez les personnes âgées dans le monde. Perdre conscience du temps et du lieu, avoir de la difficulté à reconnaître ses proches et ses amis, changer de comportement, perdre en autonomie sont les symptômes de cette maladie chronique et dégénérative qui dégrade considérablement la vie de nombreuses personnes âgées. Pour un traitement précoce de la maladie, le diagnostic s'avère essentiel, et c’est pour cela qu’une équipe de chercheurs à eu l’idée d'appliquer la reconnaissance d’image pour détecter, dans les traits du visage, des signes indiquant un stade léger de démence. Selon leur étude, une intelligence artificielle est capable de faire le diagnostic avec 93% de précision.
La reconnaissance d’image s'avère plus rapide, moins chère et peu invasive, comparée aux dépistages classiques
Cette méthode de diagnostic présente plusieurs avantages. Par exemple, elle est plus rapide que l'évaluation psychologique, elle n’est pas invasive contrairement à l'examen du liquide céphalo-rachidien, et elle est moins coûteuse que la tomographie par émission de positons amyloïdes.
Comment reconnaître un visage présentant des signes de démence légère?
Une recente étude publiée dans la revue Aging , a analysé la capacité d’une intelligence artificielle à faire la distinction entre les visages des personnes ayant une déficience cognitive et ceux des personnes sans démence. 121 patients atteints de troubles cognitifs et 117 participants cognitivement sains ont été recrutés pour l'étude.
Les dépistages actuels prennent en compte l’âge du patient, mais cette technologie permet de reconnaître l'âge perçu, qui reflète plus étroitement la fonction cognitive, que l'âge chronologique.
Certaines caractéristiques faciales en plus du vieillissement apparent ont été repérés, par exemple le teint spécifique de la peau des patients atteints de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé.
Selon un article de Futura Science, il resterait, pour plus de précisions, à conduire des études avec des algorithmes de type arbre de forêt décisionnel, “afin d'identifier si la variable visage est bel et bien une variable d'intérêt dans la prédiction de l'algorithme.” Les responsables de l'étude se félicitent d’avoir jeté les bases du développement d'un outil de reconnaissance faciale comme biomarqueur de la démence.
La lecture du visage pour effectuer des diagnostics médicaux continue d'évoluer
Les diagnostics réalisés à partir de la reconnaissance du visage ou de la lecture d’image se répandent, et sont peut-être sur le point de devenir la norme. Récemment, Google a annoncé l'intégration d’un outil de diagnostic sur le Google Pixel permettant d’évaluer notre rythme cardiaque et respiratoire. La caméra frontale d’un téléphone (dans un premier temps, uniquement les Google Pixel) devra être placée durant 30 secondes devant l’utilisateur, pour analyser son rythme respiratoire en filmant son visage et sa poitrine. Pour le rythme cardiaque, la caméra doit scanner son doigt, et ces biomarqueurs peuvent ensuite être interprétés par un médecin.
Les traits du visage sont aussi etudiés pour détecter des coronopathies: des cheveux clairsemés ou gris, des rides, un pli du lobe de l'oreille, de petits dépôts jaunes de cholestérol sous la peau autour des paupières, un anneau opaque blanc, gris ou bleu sur les bords extérieurs de la cornée, sont quelques uns des signes visibles qui pourraient être liés aux maladies cardiaques.
Pendant que la technologie de reconnaissance faciale pour élaborer des diagnostics détaillés de notre santé continue à évoluer, la réglementation en matière de protection de données devra faire de même. Les recherches futures sur les outils cliniques basés sur la reconnaissance faciale devront faire attention au respect de la vie privée et aux potentielles discriminations liées à la collecte et à l’utilisation de ces données, par les assurances notamment.
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