Instagram lance ses « comptes Ado » : sécurité ou danger ?
Le 17 septembre dernier, Instagram lançait officiellement ses « Comptes Ados ». Accessible dès 13 ans, le réseau social de Meta promet ainsi de paramétrer automatiquement les comptes des adolescents pour que ces derniers soient les plus sécurisés possible. Cela veut donc dire vérification d’identité et contrôle des publications accessibles. Sécurité, quand tu nous tiens.
« Des protections intégrées pour des parents apaisés », écrivent-ils sur le site officiel pour présenter cette nouvelle fonctionnalité. Fausses informations, cyberharcèlement, addiction, l’accès aux réseaux sociaux est évidemment un sujet primordial, notamment chez les plus jeunes.
Et c’est a priori pour répondre à ces enjeux qu’Instagram propose ces nouveaux comptes. En clair, ces derniers seront rendus « privés » par défaut (visibles uniquement par les amis), avec une messagerie restreinte, des interactions limitées, des rappels de limite de temps d'utilisation, un mode veille automatique entre 22h et 7h, ainsi que des restrictions de contenus visibles. Le tout sera théoriquement contrôlable par le parent affilié au compte, à tout moment.
Première réaction évidente : c’est bien beau tout ça, mais il suffit de mentir sur son âge. Oui, si l’on est prêt à se recréer un compte indépendant de toutes les autres applications de Meta ; non, si l’on essaie simplement de changer sa date de naissance. Dans ce cas, à l’instar de certaines banques en ligne ou autres applications institutionnelles, Instagram prévoit de contrôler plus sérieusement l’identité de ses utilisateurs ; les jeunes devront prendre en photo leur pièce d’identité et passer par l’étape de la biométrie pour prouver qu’ils ont plus de 18 ans.
Deuxième réaction : où allons-nous avec tout ça ? De fait, Meta ne cherche pas à décourager les jeunes d’utiliser son réseau, au contraire. L’entreprise pose un nouveau cadre responsabilisant davantage les parents, en leur permettant de mieux contrôler ce que font leurs enfants sur les réseaux, justement pour leur permettre d'y aller quand même. L’impression est bonne et incitera sûrement de nouveaux utilisateurs à leur faire confiance. Le hic, c’est qu’Instagram devient plus maître que jamais de ce qu’il va proposer aux jeunes.
Nous l’avons vu notamment pendant la crise sanitaire du Covid-19 : les contenus « sensibles » incluent pas mal de choses diverses et variées, allant de la violence pure à la nudité, en passant par les terribles « fake news ». Par exemple, sur son site Internet, Instagram indique clairement que « les fausses informations liées aux vaccins qui ont largement été discréditées par les principales organisations mondiales de santé » font partie des contenus qui seront masqués.
Un mal pour un bien ? Un bien pour un mal ? Difficile de prêter des intentions louables à une entreprise comme Meta, qui finalement, risque avec ces comptes de rendre les adolescents plus dépendants que jamais.
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