Tourisme durable, moins de SUV, plus de jets privés ?
Régulièrement pointé du doigt, le tourisme est interrogé, notamment quant à son impact environnemental, tandis qu’il n’a de cesse de s’accroître. Les acteurs du milieu sentent le vent tourner. Le secteur serait responsable de 11% de l'inventaire national des émissions de gaz à effet de serre de la France selon l’Agence de la transition écologique (Ademe) en 2021.
Une forme de dissonance cognitive s’installe. Tandis que certains prônent au quotidien un mode de vie respectueux de l’environnement, encourageant les transports en commun pour ne citer que cet aspect, les voyages au bout du monde semblent plus facilement se justifier qu’un trajet en voiture pour son travail. Pourtant, plus écrasant encore, la consommation de carburant allouée à l’utilisation du premier n’est plus à démontrer.
Selon Statista, site de référence en matière de statistiques issues de données d’instituts, un article de juin 2024 permet de mettre en lumière le fait que « les vols privés ont quadruplé depuis 2020 ». Tandis qu’une pression s’exerce sur le Français moyen pour le dissuader d’user de moyens de transports trop polluants, les vols privés seraient quant à eux trop anecdotiques pour être considérés. Pourtant, l’ampleur du phénomène est réelle. Rien que pour l’aviation mondiale, 1% des personnes sont à l’origine de 50% des émissions de l’aviation mondiale. Pour donner un ordre d’idée, « un vol en jet privé de quatre heures génère autant d'émissions qu'un individu moyen en un an. »
Malgré tout, les chiffres du tourisme ne cessent d’augmenter, ce qui alerte les plus critiques à ce sujet. Tandis que le niveau revient au taux pratiqué avant Covid avec 1,5 milliard de touristes internationaux, comme le précise La Croix sur la base des informations de l’Organisation mondiale du tourisme, les estimations assurent que ce chiffre passera à 1,8 milliard en 2030.
La piste d’amélioration proposée serait alors d’allonger le temps des vacances. En effet, « allonger les séjours permet de relativiser le coût environnemental du transport, qui constitue le principal poste d'émissions de gaz à effets de serre lors d'un voyage » souligne Julion Buot, directeur de l'association Agir pour un tourisme responsable (ATR), dans les colonnes du média français.
L’impact du tourisme serait principalement provoqué par le moyen de transport utilisé pour effectuer le voyage. Ce serait trois quarts de l’empreinte environnementale du tourisme qui serait à imputer au transport. Des entreprises proposent aujourd’hui des séjours dans des structures en accord avec ces revendications écologiques, tels l’usage d’une énergie verte ou encore l’assurance du respect des droits des salariés. Cependant, la vertu a un coût. Le dirigeant de FairMoove, Jean-Pierre Nadir, assure que son entreprise est la solution. Bien que les voyages soient plus onéreux, à son sens, « derrière le modèle du low cost se cachent des travailleurs qui ne gagnent pas leur vie convenablement. Il faut accepter de payer plus cher. »
Face au budget limité, notamment en raison de l’inflation, est-il seulement possible pour certains Français d’accepter de payer plus cher ? Parfois, le prix à payer semble être d’accepter de ne plus prendre de vacances ailleurs. Alors que les plus riches se permettent des vols privés, voilà qu’en contrepartie les restrictions morales et légales se font sur ceux étant plus limités économiquement. Rien de bien étonnant, les effets sur les courbes se font plus aisément voir lorsque les personnes ne peuvent plus se permettre de payer le billet.
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