Inflation 2018 en hausse : pouvoir d'achat en danger ?

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DD.
Publié le 02 août 2018 - 14:46
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Quelques pièces dans la main d'un homme.
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©Fabrizio Bensch/Reuters
L'inflation risque de rogner le pouvoir d'achat des particuliers.
©Fabrizio Bensch/Reuters
L'inflation a décollé nettement en juillet 2018, confirmant que le taux annuel sera plus élevé que l'année précédente. L'inflation, si elle peut parfois faire des gagnants, risque d'impacter les salariés dans leur pouvoir d'achat, notamment ceux qui n'ont pas un rapport de force favorable pour obtenir des augmentations de salaires.

Les chiffres de l'inflation sont repartis franchement à la hausse au mois de juillet avec une  évolution de +2,3%, soit le chiffre le plus élevé depuis mars 2012, d'après les données de l'Insee. Si cette inflation s'explique en partie, comme à la "grande période" des années 1970, par une hausse du prix du pétrole, qui a frôlé  les 80 dollars le baril, c'est surtout la fiscalité sur le tabac et l'essence qui a nourri le frémissement des prix pour ce mois de juillet. A rythme annuel, l'inflation pour 2017 devrait être de 1,8%, un chiffre déjà élevé par rapport au 1% de 2017.

L'inflation est-elle une mauvaise nouvelle pour les particuliers? La réponse est oui… mais pas toujours.

Première évidence tout d'abord, l'inflation est une perspective sombre pour le pouvoir d'achat des ménages dont le revenu du travail n'est pas indexé sur les chiffres de l'inflation. En effet si le Smic ou les retraites ont des mécanismes de hausses automatiques où l'inflation est prise en compte, les autres salariés (depuis la fin de l'indexation des salaires en 1983) subissent de plein fouet la hausse des prix. Et si les salariés du privé peuvent toujours espérer, selon la réalité du rapport de force social de leur entreprise ou de leur secteur, obtenir une augmentation de salaire à poste équivalent, les fonctionnaires ne peuvent, eux, qu'espérer une promotion pour faire face à la hausse, leur point d'indice ayant été gelé pour deux ans. Certains agents dont la hausse du traitement est inférieure sur quatre ans à celle de l'inflation peuvent bénéficier cependant d'une indemnité partiellement compensatoire.

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L'inflation fait malgré tout des gagnants sur d'autres tableaux, au premier rang duquel ceux qui ont souscrit à un crédit immobilier dont les taux actuels sont particulièrement bas. En effet, la hausse de l'inflation (donc la baisse de la valeur de l'argent) permet mécaniquement de baisser le "taux réel" de remboursement de votre crédit. En effet, ce qu'un emprunteur rembourse auprès de sa banque aura moins de valeur, avec l'inflation, qu'au moment où il a emprunté. Un salarié propriétaire en cours de remboursement peut donc gagner d'un côté ce qu'il perdra de l'autre. Mauvaise nouvelle par contre pour ceux qui envisagent d'emprunter mais qui n'ont pas franchi le pas, sachant qu'une inflation qui se maintient pourrait être le déclic de la remontée des taux. Et c'est aussi le mécanisme inverse qui joue contre les épargnants, l'inflation grignotant les intérêts sur les produits financiers détenus par les particuliers.

Conclusion, un salarié qui peut obtenir des augmentations de salaire, et qui a peu d'épargne hormis un bien immobilier en cours de remboursement –ce qui correspondait à une partie de la sociologie des baby-boomers dans les années 1970– ne verra guère de problèmes à cette période. Le salarié moins compétitif sur le marché du travail ou le fonctionnaire, locataire et doté d'une petite épargne, lui, risque par contre de subir de plein fouet un redémarrage de l'inflation. Sans même évoquer la possibilité qu'il soit... fumeur.

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Un café pour solde de tout compte: la folle inflation au Venezuela

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