Projet d'EPR à Hinkley Point : les syndicats protestent contre un "passage en force"
Les fédérations de l'énergie CGT, CFE-CGC et FO ont dénoncé ce vendredi 29, au lendemain de l'aval donné par le conseil d'administration d'EDF au projet de deux réacteurs nucléaires à Hinkley Point, en Angleterre, une décision "politique" et relevé que Londres avait décidé de son côté de "temporiser" jusqu'à l'automne. Ce projet de 18 milliards de livres (21,5 milliards d'euros) a été adopté jeudi "contre l'avis unanime des administrateurs salariés", souligne dans un communiqué l'intersyndicale, qui proteste contre un "passage en force, inédit dans l’histoire de l’entreprise".
L'intersyndicale "soutient plus que jamais" l'action en justice du comité central d'entreprise, qui a saisi le juge des référés pour faire suspendre "tous les effets des délibérations" du conseil d'administration, avec une audience prévue le 2 août. Un autre recours du CCE doit être examiné le 22 septembre. "Un tel projet ne peut se faire et réussir contre le corps social de l’entreprise", souligne-t-elle. Pour les trois fédérations, qui ont mené une "bataille acharnée" depuis des mois contre le "lancement précipité" de ce chantier, "il était et il est plus que jamais urgent d’attendre".
Ce projet ne servira "en rien le renouvellement du parc nucléaire français", estime l'intersyndicale qui accuse le gouvernement de le "mettre en avant" pour "couvrir une politique énergétique indigente et faire croire qu’il a une politique industrielle à même de sauver la filière nucléaire". La décision du conseil d'administration d'EDF, qui autorise le PDG Jean-Bernard Lévy à signer les principaux contrats qui lieront l'électricien au gouvernement britannique, à son partenaire chinois CGN et à leurs fournisseurs, "apparaît donc politique, traduisant sa volonté d'accompagner le gouvernement et non pas de défendre les seuls intérêts" de l'entreprise, jugent la CGT, la CFE-CGC et FO.
Les trois fédérations relèvent aussi que le gouvernement britannique "se donne maintenant le temps de la réflexion jusqu’à l’automne". "La précipitation d’EDF, la violation des droits du CCE… Tout cela n’aura finalement servi à rien", observent-elles. Londres a précisé jeudi soir que l'accord devait être approuvé par la nouvelle Première ministre Theresa May, qui rendra une décision cet automne. Parmi les inquiétudes des syndicats figurent un "financement en fonds propres à un niveau jamais atteint dans l’histoire d’EDF", "les incertitudes techniques liées au lancement du projet - avant même que le premier EPR ne soit en fonctionnement", et le "caractère irréaliste des délais de construction".
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